Serge GAINSBOURG – Manuscrit autographe signé – “Les Goémons”.

« algues brunes ou rouges, dessous la vague bougent, les goémons »

60.000

Serge GAINSBOURG (1928.1991)

Manuscrit autographe signé – Les Goémons.

Trois pages in-folio sur papier à portées musicales.

Tampons de la Sacem.

[Paris. Février 1962]

 

« algues brunes ou rouges, dessous la vague bougent, les goémons »

Exceptionnel manuscrit titré à l’encre noire, sur le premier feuillet, LES GOÉMONS paroles musique de Serge Gainsbourg et portant sur les deuxième et troisième feuillets les paroles originelles en premier jet (finalement non retenues et partiellement biffées) ainsi que la partition originale.

Les Goémons, enregistré au studio Blanqui le 16 mars 1962, sera le titre introductif du quatrième album de l’artiste intitulé Serge Gainsbourg n°4.

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les goémons


algues brunes ou rouges
dessous la vague bougent
les goémons
varech ou coralline
autant d’herbes marines
de goémons

que dansent-ils au ra-
lenti des caméras
les goémons
c’est dans la blanche écume
la pavane posthume
des goémons

algues brunes ou rouges
dessous la vague bougent
les goémons
entre deux eaux naviguent
deux amants qui intriguent
les goémons

dans le chant des sirènes
vinrent les policemen
aux goémons
des voitures les phares
fouillèrent la nuit noire
les goémons

algues brunes ou rouges
dessous la vague bougent
les goémons
on les trouva ensemble
enchainés il me semble
aux goémons

que leurs amours revivent
à la danse lascive
des goémons
dans le cri des mouettes
quand l’océan rejette
les goémons

algues brunes ou rouges
dessous la vague bougent
les goémons

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Au début de l’année 1962, Catherine Sauvage décide de consacrer, tout comme Juliette Gréco trois ans plus tôt, l’intégralité d’un EP aux chansons de Gainsbourg. La rivalité sourde qui oppose les deux chanteuses et le récent succès d’Accordéon l’encouragent dans ce sens. Toujours en quête de reconnaissance, Gainsbourg s’engage pourtant avec circonspection dans cette commande, se méfiant du positionnement rive gauche de Catherine Sauvage, plus portée sur la poésie mise en musique que sur la chanson commerciale […]

Les Goémons, titre à la consonance maritime, dont l’origine est dévoilée par Gainsbourg, venu présenter l’acétate de son album n°4 fraîchement mixé, le 22 avril 1962 dans « Avant-premières » : « C’est en entendant Damia. Il y a une paye de ça, elle chantait “Les Goélands”. » Cette sombre complainte à la mémoire des marins disparus en mer fut, en 1912, le premier succès de la grande Damia, l’effrontée tragédienne de la chanson réaliste. Par-delà une métrique quasi similaire, on retrouve ici dans ce premier jet manuscrit des Goémons, l’image des âmes (celles des matelots chez Damia, des amants chez Gainsbourg) réincarnées en mouettes, tandis que leurs cadavres sont charriés par les flots – idée qui aura disparu dans le texte définitif.

Narrative et cinématographique, cette première version joue sur le double sens du mot « sirène », déjà utilisé dans la Ballade d’un fat majeur (« Je ferais tout comme Ulysse / Aux sirènes de police / La sourde oreille […] »). Catherine Sauvage contribuera activement à la modification du texte et à la mouture définitive, finalisée trois jours seulement avant l’enregistrement du play-back pour le LP de Gainsbourg. La version finale s’attache essentiellement à suivre le mouvement lancinant des algues dans les vagues, comme celui des corps enlacés dans l’extase.

 « Les algues ont la science du mouvement. Et puis c’est aussi une image érotique, si vous voulez », observe Gainsbourg au micro de Luc Bérimont dans “Avant-premières”. L’image fera son chemin chez Gainsbourg : en 1967, avec Je t’aime moi non plus (« Comme la vague irrésolue / Je vais et je viens… ») puis, en 1984, dans Love on the Beat (« Mais toi déjà déjà tu tangues / Aux flux et reflux des marées »). Catherine Sauvage enregistrera Les Goémons dans une version transposée au féminin le 6 avril, en même temps que les trois autres titres de son EP. (Cité dans Le Gainsbook. S. Merlet. Éditions Seghers. 2019).

 

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Provenance : Lucien Merer (1927-2019), pianiste, compositeur et arrangeur qui accompagna Gainsbourg dès ses premiers pas. Merer collabora avec plusieurs autres grands noms de la scène musicale : Boby Lapointe, Jean Ferrat, Cora Vaucaire, Édith Piaf, Léo Ferré ou Charles Aznavour, les assistant parfois lors de leurs débuts ou de leurs tours de chant dans les cabarets et salles de concert.

Bibliographie : . L’intégrale et cætera. Y.F. Bouvier, Éditions Bartillat, 2005. / . Le Gainsbook. S. Merlet. Éditions Seghers. 2019

 

 

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