Marcel PROUST obnubilé par Georges de Lauris. 1905.

“Dites-moi si vous ne voulez rien, si vous n’avez besoin d’aucun livre, d’aucun sirop. Je pense à vous tout le temps. Marcel.”

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Marcel PROUST (1871.1922)

Lettre autographe signée à Georges de Lauris.

Quatre pages in-12° sur papier de deuil.

Slnd [vendredi 18 ou 25 août 1905 ?]

Kolb, tome V, pages 336-337.

« Je pense à vous tout le temps. »

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« Cher ami, J’ai bien du chagrin de savoir que vous avez été malade, mon affection pour vous (plus vive encore quand je reçois de gentilles lettres de vous comme avant hier) et ma faculté d’imaginer la douleur physique font que cela me rend très malheureux de penser à votre angine, à votre fièvre, à votre découragement, à votre dépaysement, à votre diète. Depuis que vous m’avez écrit, croyez qu’il n’y a pas une heure de votre triste semaine que je n’ai imaginée et soufferte. Vous me direz qu’alors il eut été plus gentil de mettre un peu de hâte à vous l’écrire.  Voici pourquoi je ne l’ai pas fait. Depuis q .q. temps je suis beaucoup plus souffrant et je suis après chaque sortie alité plusieurs jours. La dernière fois il y a 15 jours je suis allé à la campagne et j’ai gardé le lit avec et fièvre et bronchite huit jours (ceci antérieur à votre angine, ou du moins à la nouvelle que vous m’en avez donnée).

J’ai eu votre lettre mercredi matin je crois. J’avais promis depuis longtemps de dîner le soir chez les Clermont Tonnerre et comme je savais qu’après je ne pourrais même en mettant les choses au mieux ressortir de plusieurs jours, j’espérais beaucoup pouvoir en sortant de table filer un instant pour aller vous dire bonsoir pendant que les hommes iraient au fumoir. Malheureusement tout le monde est resté ensemble parce qu’il n’y avait presque personne et cela était impossible d’autant plus que c’était comme nos invitations Fould, des refus antérieurs etc. Maintenant d’ici à ce que je reprenne mon équilibre et puisse reprendre mon vol vous serez guéri. Et pourtant j’aurais bien aimé aller vous voir, et plus encore rue Washington où j’aurais pu enfin être présenté à votre famille. C’est une bonne idée que vous avez eue de rester là.  Je ne doute pas des soins de Pierre mais je crois tout de même que ceux de madame votre mère doivent être plus doux ! Dites-moi si vous ne voulez rien, si vous n’avez besoin d’aucun livre, d’aucun sirop. Je pense à vous tout le temps. Marcel. »

 

 

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