Jean COCTEAU - L'Art, sa jeunesse, la poésie, Picasso, etc.

Manuscrit autographe.

Superbe et long manuscrit autobiographique évoquant l’Art, la compréhension de soi-même, Cézanne, Proust, Diaghilev, Picasso, la poésie et la guerre de 1914.

« Je n’ai compris qu’à 20 ans le rôle d’une œuvre et ce qu’était la poésie. »

1.800

Jean COCTEAU (1889.1963)

Manuscrit autographe.

Six pages in-4°. Slnd (circa 1960)

Superbe et long manuscrit autobiographique évoquant l’Art, la compréhension de soi-même, Cézanne, Proust, Diaghilev, Picasso, la poésie et la guerre de 1914.

« Je n’ai compris qu’à 20 ans le rôle d’une œuvre et ce qu’était la poésie. »

 Cocteau répond ici aux questions d’André Fraigneau qui publia une biographie de Cocteau en 1957 et un ouvrage d’entretiens avec celui-ci.

 

1- Miro. 3 personnes dont une monstrueuse avec cent mille oreilles. La charge Baudelaire. Film et radio. Tirage monstrueux d’un livre. Le recours.

2- Agoraphobie et claustrophobie – contacts ou dialogue pour. Nécessité de se mettre en branle par des paroles. Seul je me vide et j’en arrive au vide qui me fait peur. Je ne suis pas un intellectuel. Je ne pense pas. Il faut que j’agisse pour que ma pensée se mette en marche.

3- Conspiration du silence et le pire : conspiration du bruit. J’habite à la campagne pour ne pas rencontrer l’homme qu’on m’invente – qu’on a fait de moi – je n’aimerais pas le connaitre.  Cette conspiration du bruit – cette bousculade – journalistes terribles. Plus vrai que le vrai plus faux que le faux. Comme personne ne me met à l’étude et que mes différentes occupations se présentent aux journalistes sous forme de désordre, il faut bien que je mette de l’ordre en moi-même– que je fasse de l’ordre dans ma maison.

4- Les critiques ont une grande excuse. Je suis difficile à suivre parce que je ne m’appuis sur aucun groupe, sur aucune force extérieure. Ni cafés – Parti politique – Eglise – Ecole Normale. J’ai la culpabilité de l’innocent coupable de tous les crimes en puissance. Merlo Ponty-Paul Valéry et Giraudoux. Prestige du mauvais élève. Mauvais élève fort en thème.

5- L’œuvre d’art doit être comme je l’ai lu dans un catalogue d’attrapes pour noces et banquets, un objet difficile à ramasser – une œuvre est un objet difficile à ramasser – ceci dit il n’y a pas d’œuvre d’art sans une morale.

5 bis- non pas la morale mais une morale. L’œuvre d’art doit être une morale. Signe intense inflexible malgré toutes les apparences de dispersion.

6- Non, et je vous remercie de me poser cette question. J’ai débuté avec trop de chance dans ce milieu etc. Je n’ai compris qu’à 20 ans le rôle d’une œuvre et ce qu’était la poésie. J’ai décidé à 20 ans de ne plus faire l’école buissonnière mais de m’enfoncer en moi-même, dans ce don terrible, dans cette mine inconnue, à risquer de rencontrer le grisou. Du reste, cette attitude nouvelle coïncidait avec la guerre de 14. La guerre m’a aidé, en ce sens que les esprits étaient occupés à l’actualité actuelle alors que notre actualité est inactuelle. Cette tornade d’actualité directe nous laissait libre d’agir dans les domaines secrets qui sont le privilège de la France et de sa capitale. Ce n’a pas été sans peine, ma seule décision me rendait suspect aux uns et aux autres, à gauche et à droite, chez ceux qui n’envisagent pas cette actualité inactuelle et chez ceux qui l’envisagent mais qui ont eu la chance de ne pas avoir été déformés par ce milieu.

7- 1900. Voilà un exemple type. 1900 c’est pour moi l’année terrible : la mort de Nietzche et, après, comme de juste, un grand trou de bêtise. Mais n’oublions pas que notre histoire et nos dates ne sont pas celles de tout le monde. Des peintres et des musiciens de génie fabriquent la vraie histoire. On se moquait d’eux et maintenant l’actualité les exalte. Cézanne est mort en 1906. Renoir et Degas peignait. Proust écrivait dans l’ombre. Debussy, etc.  

8- Chez le pharmacien. Du reste la projection était parce qu’on vend le livre comme un remède de guérisseur – ce qui est dangereux puisqu’on le met en tôle.

9- Nijinsky. Feu d’artifice(le sacre). Stravinsky une vraie influence des ballets russes. Diaghilev qui m’avait dit à l’époque de ma grande sottise : « Etonne-moi »est étonné par l’extraordinaire effervescence de peintres, de poètes et musiciens français. Ce qui est unique et propre à Paris, c’est que Picasso ni Stravinsky ne sont français. Pour Matisse, Braque, etc. Auric, Poulencont travaillé pour ce ballet qui n’est russe que par ses danseuses.

10- Mon temps. Il m’arrive d’oublier les années et je suis coupable pour un biographe.

 

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