Alberto GIACOMETTI (1901.1966)

Lettre autographe signée à David Thompson.

Deux pages ½ in-8°. Paris. 16 octobre 1956.

« Je travaille beaucoup et j’espère d’arriver à avoir quelque chose de nouveau. »

Superbe lettre de Giacometti écrite au commencement de sa « Crise Yanaihara »

“Cher Monsieur Thompson, Je vous remercie pour vos lettres et pour les photographies du marbre de Beyeler à Bâle que je vais vous renvoyer signé. Ces deux marbres sont très différents l’un de l’autre mais ils sont fait à peu près à la même époque, et ce sont des marbres originaux. Celui de Madame Doesburg était à la Galerie Pierre ; je ne me rappelle plus du tout à qui j’ai vendu celui de Beyeler. Celui de Beyeler est le même sujet que le marbre du musée d’Amsterdam mais il est très différent. Ca me fait grand plaisir que ces deux marbres entrent dans votre collection. Et je vous remercie infiniment pour tout ce que vous faites pour mon travail et qui me touche beaucoup. C’est une très grande joie pour moi. Je travaille beaucoup et j’espère d’arriver à avoir quelque chose de nouveau. Très cordiales salutations à Madame Thompson et à vous-même. Alberto Giacometti. Marbre Madame Doesburg. Fait je crois en 1929 ou 30 d’après une sculpture de 1927. Marbre Galerie Beyeler. Fait je crois en 1930 ou peut-être même 31 d’après une sculpture de 1927 ” 

Giacometti se réjouit ici de l’acquisition de deux de ses marbres par l’un de ses plus fervents collectionneurs privés, David Thompson (1899-1965). Cet ingénieur américain fit fortune dans la finance à l’époque de la Grande dépression. Son importante collection d’art moderne comprenait, en plus des œuvres de Giacometti, celles de Paul Klee, Jean Dubuffet, Joan Miró, Henry Moore…

L’année 1956 fut riche de travaux pour Alberto Giacometti. Il avait, quinze jours plus tôt, terminé de représenter la France à la biennale de Venise (1er juin – 1er octobre 1956). Comme en témoigne cette lettre, il cherche à « arriver à quelque chose de nouveau ». Giacometti est ainsi en train de plonger dans ce que l’on appellera plus tard la « Crise Yanaihara », très importante phase artistique de sa vie.

Isaku Yanaihara est professeur de philosophie française à l’Université d’Osaka et rencontre Giacometti en 1956. Ce dernier est fasciné par son visage; il commence alors un longue série de toiles et de sculptures à son effigie. Il réalise tout d’abord une peinture à l’huile en octobre 1956. S’en suivront nombre d’autres dessins, peintures et sculptures. Il fera poser Yanaihara chaque été en 1957, 1959, 1960 et 1961.

Note :
Les marbres de Madame Doesburg Femme et de la Galerie Beyeler Tête qui regarde se trouvent aujourd’hui tous les deux dans la Alberto Giacometti Stiftung en Suisse.
Le marbre du musée d’Amsterdam, cité dans la lettre, est également appelé Tête qui regarde se trouve aujourd’hui toujours dans ce même musée.

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