Général GOURAUD - Les Colonies Françaises et Adolf Hitler.

Lettre signée à Alain Gheerbrant, Directeur de l’Institut Colonial Français.

Remarquable lettre de Gouraud s’inquiétant du sort des colonies Françaises face aux volontés annexionnistes d’Adolf Hitler, en 1938.

« Il est clair que l’Allemagne n’a plus qu’à obtenir les Colonies pour avoir détruit entièrement le traité de Versailles. Hitler ne le cache pas dans ses discours. »

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Général Henri GOURAUD (1867.1946)

Lettre signée à Alain Gheerbrant, Directeur de l’Institut Colonial Français.

Une page in-4°. Paris. 21 octobre 1938.

« Il est clair que l’Allemagne n’a plus qu’à obtenir les Colonies pour avoir détruit entièrement le traité de Versailles. Hitler ne le cache pas dans ses discours. »

Remarquable lettre de Gouraud s’inquiétant du sort des colonies Françaises face aux volontés annexionnistes d’Adolf Hitler.

« Monsieur le Directeur, J’avais donné en janvier mon adhésion au Comité formé pour la sauvegarde et l’intégrité de l’Empire Colonial Français. Mon opinion n’a pas varié, et les douloureux évènements récents l’affirment encore. Il est clair que l’Allemagne n’a plus qu’à obtenir les Colonies pour avoir détruit entièrement le traité de Versailles, ce qui est son but ; M. Hitler ne le cache pas dans ses discours. Je ne puis donc que vous répéter ce que je vous écrivais, à savoir que plus on cède à l’Allemagne, plus elle augmente ses prétentions. Au reste, on a noté en Angleterre même, qu’avant d’envahir l’Autriche, M. Hitler avait affirmé à plusieurs reprises qu’il ne songeait pas à s’occuper des affaires intérieures de ce pays et nullement à l’annexer. On a vu revenir la même affirmation avant l’invasion de la Tchécoslovaquie. Je considère donc plus que jamais que nous devons défendre ce qui nous reste des colonies qui font partie de l’Empire Français et qui ont le droit de compter sur la France. Il m’est malheureusement impossible d’assister à la réunion de mercredi ; mais vous ferez de mon papier ce que vous jugerez convenable. »

 

Le Général Gouraud s’illustra aux colonies (Soudan Français, Mauritanie, Tchad) puis, pendant la Grande Guerre, en Argonne et aux Dardanelles. Haut Commissaire du Gouvernement Français au Levant de 1919 à 1923, puis Gouverneur militaire de Paris de 1923 à 1937, il fut l’une des grandes figures de l’histoire de la colonisation française dans le sillage de Gallieni et de Lyautey. En vertu des accords Sykes-Picot de 1916 sur le partage mandataire de l’Empire Ottoman entre Britanniques (Irak, Transjordanie et Palestine) et Français (Syrie et Liban), Gouraud est envoyé par Clémenceau comme Haut-Commissaire au Levant. Il débarque à Beyrouth le 21 décembre 1919. En 1920, Gouraud doit faire face aux ambitions du Roi Fayçal d’Arabie qui souhaite s’emparer de la Syrie dont il a été proclamé Roi. Gouraud demande d’urgence de renforts à Paris et dispose de 35 000 hommes, dont des unités de la Légion Etrangère. Les Français repoussent alors les Arabes à Khan Meyssaloun le 24 juillet 1920. Henri Gouraud fait alors preuve de réalisme et découpe la Syrie en plusieurs entités aux statuts différents afin de respecter les « identités compactes ». Ainsi, le « Grand Liban » Sunnite, Chi’ite, Chrétien et Druze est proclamé lors du Discours de Zahlé. En 1937, vénéré par les parisiens, le Général Henri Gouraud quitte la vie militaire. En 1940, profondément affecté par l’invasion allemande, il quitte Paris pour Royat non loin de Clermont-Ferrand. Il n’y revient qu’en 1945 avant de décéder le 16 septembre 1946, la même année que l’indépendance de la Syrie et du Liban. Le 26 septembre, le Gouvernement du Général de Gaulle lui rend hommage par des obsèques nationales devant le Monument de la Ferme de Navarin à Souain, dans le département de la Marne. Il repose dans la crypte du même monument « au milieu des soldats qu’il a tant aimé. »

 

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