Marie LAURENCIN – Ensemble de 5 lettres autographes signées.

Ensemble de 5 lettres autographes signées au Comte François de Gouy d’Arcy

Très belle correspondance amicale.

“Notre vieille amitié-amour est ce qui nous reste,…”

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Marie LAURENCIN (1883.1956)

Ensemble de 5 lettres autographes signées au Comte François de Gouy d’Arcy

Huit pages in-4° et une page in-12° (avec une enveloppe autographe).

Paris. Ste Marie au Bosc. Bagnoles-de-l’Orne. 1931

Très belle correspondance amicale

1/ « Cher François, il y a huit jours on m’a appris ce que tu me dis dans ta lettre et je sentais que tu allais m’écrire. Notre vieille amitié-amour est ce qui nous reste, surtout en ce moment où la bêtise dépasse tout et est la plus forte. J’ai fini par installer complètement dans ma vie ma magnifique airedale dimah, d’où émotion-amour-graves ennuis. Elle est devenue chienne de garde et a une grossesse nerveuse. Je vois peu de monde. Demain les Jouhandeau de plus en plus sauvages et persécutés. La fille de Sir Joseph Daveen se marie et a demandé comme cadeau de mariage des Marie Laurencin. Toutes les semaines je vais à Champrosay – j’adore couper l’herbe et faire marcher la tondeuse. Maintenant François chéri, voici l’emploi des vacances : fin juillet deux trois jours d’août petit séjour chez les Gosset. Le 5 départ pour la cure de Bagnoles avec ma suivante la petite Suzanne, et la première quinzaine de septembre je serai à la disposition de ceux qui me voudront, avec ou sans Suzanne, avec ou sans chien. Je vous embrasse toi mon François et Russell, votre Marie, à vous. Otto est à Paris – il vient à Champrosay – toujours charmant. » 

2/ « Cher François, j’étais venue pour te voir, un peu plus tôt peut-être, je repars – et t’embrasse bien affectueusement. Ta vieille fiancée Marie. »

3/ « Mon cher François, Comme tu es gentil d’avoir pensé à moi et ce joli cadeau se multipliant par douze. J’ai eu une sorte de douleur au genou très désagréable et deux jours sans bouger de mon lit. Pour me remettre hardiment, j’ai pris le chemin de la Normandie, le pays de Caux. La mer – le vent – et aussi un séjour adorable chez Monsieur Gosset. C’est curieux comme cet air humide devient vivifiant, et puis en bas il y a la mer, l’Angleterre en face, on est bien entouré. Je suis encore dans mon lit, étendue – je pense à mes amis. Je viens d’écrire à Violette et toi mon cher François. Peut-être nous ne nous voyons pas souvent mais qu’est-ce que cela veut dire – Les propos de Violette sont inoubliables et vous êtes comme mon cher Otto les amis de mon rêve. Je t’embrasse tendrement mon François, et aussi Russel. Votre Marie. »

4/« Mon François, J’ai donné ta lettre à lire à Otto qui a promis de t’écrire. En ce moment il habite Paris avec une jeune amie de Brême, et très emplâtré, ce qui va ensemble. Je continue à croire à l’époque bleue moi toute seule – J’appelle cela variations sur la Princesse de Clèves. A l’instant départ en auto pour chez les Gosset près d’Étretat. Je reviens lundi soir et mercredi 5 août Bagnoles de l’Orne. Voici mon adresse (…) J’y vais avec ma suivante et comme cela j’évite le Grand-Hôtel où je m’ennuyais tant, et surtout elle me fera elle-même une tasse de café et c’est une joie. Mais pourquoi ne viendriez-vous pas à Bagnoles ? Confort – circulation du sang. Enfin, écris-moi François. La peinture de Bérard, cela m’est égal mais lui a un certain charme, surtout avec Boris. JE vous embrasse affectueusement mes vieux amis. Votre Marie. L’autre soir, dîner chez les Jouhandeau. Parlé de toi. Carija, j’adore. Elle a beaucoup d’intuition et pronostique le communisme sans tambour ni trompette – Adieu Variations. Écris-moi, même un petit mot que nous soyons toujours en communication (Ta Marie). »

5/ « Mon cher François, Me voici à Bagnoles. J’ai eu chez les Gosset une grave crise au foie, migraine, etc. et ici on me soigne plus pour ça que pour mes quilles. J’ai encore mal dans le côté. Humeur sereine. Il pleut. Je regarde tomber la pluie. Je couds. Je crois que la carrière de Marie se finira en pyjamas pour vous tous, du cousu main extraordinaire. Monsieur Paul Rosenberg et sa famille voyagent dans le nord de l’Europe – hispano neuve – heureusement ils finiront par le midi. Je reste ici François jusqu’au 30 août. Écris-moi. Hier en me promenant j’ai contemplé une petite maison ravissante. La bâtisse quelconque de 1820, mais accotés au mur entre fenêtres et porte – quatre cyprès. Personne. Un chien à grandes oreilles qui avait peur d’un morceau de bois. Le charme – la rêverie – le doux silence de cette demeure. A toi, à Russel, votre Marie. J’ai reçu ton télégramme. »

 

François de Gouy d’Arsy (1883.1941), aristocrate sans profession, eut une vie de loisirs qu’il partagea avec le peintre américain Russell Greeley (1878-1956) durant la première moitié du vingtième siècle. Ensemble, ils vécurent à Paris rue de Condé, au Piquey sur le bassin d’Arcachon, et au château de Clavary à Auribeau-sur-Siagne près de Grasse où Pablo Picasso exécuta son portrait en 1925.

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