Marcel PROUST (1871.1922)

Lettre autographe signée à Julia Daudet.

Quatre pages in-8° sur papier de deuil.

Slnd. [début mars 1904]. Kolb, tome IV, page 75.

 

« … la satisfaction de ma conscience littéraire, que rien ne remplace … »

Citant Ruskin et Madame de Sévigné, Marcel Proust remercie sa correspondante de ses mots chaleureux suite à sa traduction de La Bible d’Amiens de John Ruskin.

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« Madame, Je voudrais pouvoir faire une traduction tous les jours pour recevoir des lettres pareilles à la vôtre. Et si j’avais seulement écrit la phrase sur ce charme « qui glisse d’une langue à l’autre, dans l’écart des mots » ou celle, pour dire qu’on est arrivé très tard et reparti très tôt qu’on est « venu en rêve » (Madame de Sévigné a-t-elle jamais rien trouvé d’aussi délicieux) ou celle sur Ruskin « qui est allé jusqu’à Tours » et qui par « l’œil de visionnaire sur la Gaule » témoigne d’une originale vision qui me rend toute La Bible d’Amiens nouvelle pour moi et comme inconnue jusque-là – si jamais à un moment quelconque j’avais su écrire une de ces phrases adorables je n’aurais besoin d’aucun témoignage flatteur, j’aurais quelque chose qui me serait plus précieux que tous, même que les glorieux comme le vôtre, la satisfaction de ma conscience littéraire, que rien ne remplace – et  qu’hélas je n’ai pas !

Je ne sais plus mettre à la poste une lettre adressée au nom Daudet sans que ce soit un hymne de reconnaissance et s’il fallait que je dise tout ce que je dois à vous, à Lucien et à Léon, il faudrait que je vous écrive tous les jours. Ne craignez pas que cette menace s’exécute mais permettez-moi encore Madame avec toute mon admiration profonde de vous dire ma reconnaissance respectueuse. Marcel Proust. »

 

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Proust répond ici à une lettre chaleureuse de Julia Daudet le remerciant de sa Bible d’Amiens, qu’il lui avait dédicacé le 29 février.

 

 

 

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