Louis ARAGON – Poème de guerre – « J’attends sa lettre au crépuscule ».

Louis ARAGON (1897-1982)

Poème autographe – J’attends sa lettre au crépuscule.

Une page ½ in-4°. Crayon de typographe.

[1939]

Remarquable manuscrit de son poème J’attends sa lettre au Crépuscule, publié dans le recueil Le Crève-cœur, en 1941. Des heures de guerre et de résistance teintées par l’amour d’Elsa Triolet, Aragon livre, au fil de ces vers, l’expression puissante de la mélancolie qui s’inscrit dans cette « poésie de l’attente » typique des heures de guerre.

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J’attends sa lettre au crépuscule

Sous un ciel de cretonne

Pompadour et comment

Une petite auto

Navigue

Et l’écho ment

Et qu’est ce chant qu’entonne

Le soir au bois dormant

Dans le parc monotone

Où rêve un régiment

Qui dans l’ombre cantonne

Au front du bel automne

Que les heures tuées

Guerre à Crouy-sur-Ourcq

Meurent mal Et tu es

Mon âme et mon vautour

Camion de buées

Mélancolique amour

Qui suit l’avenue et

Capitaine au long cours

Quitte pour les nuées

Les terres remuées

Y vois-tu ma maîtresse

Triste triste et rêvant

Et cette dorure est-ce

Trésor mordu souvent

Sa coiffure terrestre

Que me dit-elle ô vent

Que me dit-elle Reste

Reste ici comme avant

Les batailles de l’est

Rien dit le vaguemestre

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Le Crève-cœur fut écrit par Aragon entre octobre 1939 et octobre 1940. Il contient vingt-deux poèmes en sus de l’essai La Rime en 1940, constituant la préface du recueil. L’ouvrage paraît chez Gallimard en 1941 dans la collection Métamorphoses, puis en 1942 dans la collection Blanche.