Graham BELL et Alfred NIAUDET installent le premier téléphone.

“C’est une invention bien extraordinaire, dans son état actuel ; elle se perfectionnera certainement, mais dès à présent, on ne peut se défendre d’une certaine émotion quand on entend la voix d’un ami au travers d’un fil télégraphique.” 

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Alexander Graham BELL / Alfred NIAUDET

L’invention du téléphone et sa première démonstration en France en 1877.

« Vous aurez vu par les petits imprimés de la Soc. de Physique que j’ai eu le plaisir d’y montrer le 2 novembre dernier, les deux premiers téléphones qui aient été introduits en France. »

L’une des plus prodigieuses inventions de l’histoire humaine racontée par deux de ses acteurs essentiels : Alfred Niaudet et Alexander Graham Bell.

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Extraordinaire réunion de deux lettres autographes signées relatives aux travaux révolutionnaires d’Alexander Graham Bell et à la première utilisation du téléphone en France, à Paris, en novembre 1877.

En août 1877, à la demande de l’illustre scientifique britannique Sir William Thomson, Alexander Graham Bell est invité à présenter son invention à la réunion annuelle de la British Association for the Advancement of Sciences, à Plymouth.  Parmi l’auditoire, le physicien Alfred Niaudet, collaborateur d’Antoine Breguet, est subjugué par l’invention de Bell et convainc aisément ce dernier de lui confier deux téléphones pour en faire démonstration à Paris, à l’Académie des Sciences et à la Société Française de Physique.

Une année auparavant, lors de l’Exposition du centenaire de l’indépendance des États-Unis, à Philadelphie, en juin 1876, Alexander Graham Bell dévoile son invention sous les yeux ébahis de l’empereur du Brésil Dom Pedro II et de Sir William Thomson. La révolution est lancée et l’inventeur submergé par les demandes de conférences.

Nous présentons ici deux lettres, témoignages de cette aventure exceptionnelle.

La première rédigée par Alfred Niaudet, le 8 novembre 1877, quelques jours après la première démonstration d’un téléphone en France ; la seconde écrite par Alexander Graham Bell le lendemain, 9 novembre, à Alfred Niaudet.

Nous joignons également la plaquette originale (10 pages in-8°) publiée par la Société des Ingénieurs Civils, donnant extrait de la Séance du 2 décembre 1877, et de la communication d’Alfred Niaudet sur les téléphones.

 

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Alfred NIAUDET (1835- 1883)

Lettre autographe signée au physicien Théodore Schneider.

Trois pages in-8°. [Paris] 8 novembre 1877.

« C’est une invention bien extraordinaire. »

« Monsieur, Pourriez-vous m’envoyer une douzaine de brochures (éclairage industriel par la lumière électrique – Heilmann et Schneider) ou plutôt pourriez-vous me les faire envoyer par l’imprimeur Vve Bader et Cie à qui il me serait agréable d’en envoyer le prix. Cette brochure m’est quelque fois demandée et je voudrais pouvoir la faire lire aux personnes qui la désirent.

Vous aurez vu par les petits imprimés de la Soc. de Physique que j’ai eu le plaisir d’y montrer le 2 novembre dernier, les deux premiers téléphones qui aient été introduits en France.

C’est une invention bien extraordinaire, dans son état actuel ; elle se perfectionnera certainement, mais dès à présent, on ne peut se défendre d’une certaine émotion quand on entend la voix d’un ami au travers d’un fil télégraphique.

Hier soir, nous avons essayé entre Paris et St Germain et malgré un temps affreux, nous avons entendu bien des mots, reconnu la voix de notre correspondant, entendu chanter Au Clair de la Lune. J’étais saisi comme si je n’avais jamais entendu le téléphone. Croyez, Monsieur, à mes sentiments dévoués. Alf. Niaudet. 6 rue de Seine. »

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Alexander GRAHAM BELL (1847- 1922)

Lettre autographe signée à Alfred Niaudet.

Deux pages in-12° sur papier à en-tête de l’Université de Glasgow.

[Glasgow] 9 novembre 1877.

Annotation de Niaudet en tête indiquant avoir répondu le 13 nov. 1877. 

“Sir William Thomson’s remarks were so excellent that they […] will carry great weight.”

“My dear Sir, many thanks for your interesting letter, and for the papers forwarded. I shall be in Paris in the course of six or eight days and hope to meet you there. I send newspaper containing accounts of my lecture here. Sir William Thomson’s remarks were so excellent that they should certainly be translated into French– and will carry great weight. In haste. Yours truly. Alexander Graham Bell.”

Transcription française :

« Cher Monsieur, merci infiniment pour votre intéressante lettre et pour les journaux que vous m’avez transmis. Je serai à Paris pendant six ou huit jours et j’espère vous y rencontrer. Je vous envoie un journal contenant les comptes rendus de ma conférence ici. Les remarques de Sir William Thomson ont été si brillantes qu’elles devraient certainement être traduites en français – et auront un grand poids. En hâte, vôtre, sincèrement. Alexander Graham Bell. »

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Bien que l’inconscient collectif ne retienne aujourd’hui que le seul nom d’Alexander Graham Bell comme l’inventeur du téléphone, cette révolution sociétale fut une aventure humaine à plusieurs facteurs et la paternité réelle de l’invention fait naître, encore aujourd’hui de nombreuses controverses.

Le français Charles Bourseul (1829.1912) semble avoir été le premier – dans un article intitulé Transmission électrique de la parole, publié dans L’Illustration le 26 août 1854 – à proposer un mécanisme capable de transmettre la voix à distance par l’intermédiaire d’un fil électrique.

Le scientifique allemand Johann Philipp Reis (1835.1874) met au point, en 1860, un appareil qu’il baptise “téléphone” et qui permet – bien que très imparfaitement – de transmettre à distance les sons et la voix, grâce à un courant électrique.

C’est l’italo-américain Antoni Meucci (1808.1889) qui le premier dépose un brevet descriptif d’un appareil téléphonique en décembre 1870. N’ayant pas les moyens financiers de prolonger ledit brevet, Meucci le laisse expirer en 1874 et un certain Alexander Graham Bell le dépose à son tour, amélioré, en 1876.

L’influence majeure de Meucci dans l’histoire du téléphone a été officiellement validée par la Chambre des représentants des États-Unis, le 11 juin 2002, celle-ci reconnaissant dans sa résolution n°269 que « si Meucci avait été capable de payer les 10 $ de frais pour maintenir sa promesse de brevet après 1874, aucun brevet n’aurait pu être délivré à Bell » et faisant ainsi de Meucci un inventeur officiel du téléphone.

Autre acteur de cette épopée, l’inventeur Elisha Gray (1835.1901) dépose à l’institut américain de la propriété industrielle, une demande de brevet pour une invention concernant « la transmission et la réception électrique de la voix humaine », le 14 février 1876, quelques heures seulement après Graham Bell. Le brevet de Bell aurait été examiné immédiatement à la demande de son avocat, tandis que celui de Gray ne fut étudié que le lendemain. Malgré de nombreux procès intentés Gray ne parvint pas à faire reconnaître l’antécédence de ses travaux.

Enfin, ce sont David Hugues et Thomas Edison qui proposent, dès 1877, les développements les plus marquants en matière de microphone (Edison avait mis au point, en 1877, le premier appareil capable d’enregistrer et de reproduire des sons : le phonographe).

“Mister Watson, come here, I want to see you!”

« Monsieur Watson, venez, je veux vous voir ! » : voici ce que l’histoire retient comme étant les premiers mots échangés, d’une pièce à l’autre, par Bell avec son assistant Thomas Watson (1854.1934). La voix sortant d’une bobine reliée par deux fils conducteurs lance la course d’une révolution scientifique hors norme, encore en cours près de cent-cinquante années plus tard.

 

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Bibliographie :  Alexander Graham Bell. Jean-Serge Bernault.

 

 

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