Le discours signé de MALRAUX pour l’entrée de Jean MOULIN au Panthéon.

Entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi ; et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé ; avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et brouillard, enfin tombé sous les crosses.”

8.000

André MALRAUX (1901.1976)

Tapuscrit avec envoi autographe signé.

11 feuillets in-4° ronéotés à l’époque et agrafés.

 

André MALRAUX

Transfert des cendres de

Jean MOULIN

au Panthéon

19 décembre 1964

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Fameux discours – dédicacé en marge supérieure du premier feuillet par Malraux – pour l’entrée de Jean Moulin au Panthéon. Cette dactylographie de l’époque présente de légères différences avec le texte définitif édité.

Citons bien sûr ce célèbre passage : « Comme Leclerc entra aux Invalides, avec son cortège d’exaltation dans le soleil d’Afrique et les combats d’Alsace, entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi ; et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé ; avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et brouillard, enfin tombé sous les crosses ; avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné l’asile à l’un des nôtres. Entre avec le peuple né de l’ombre et disparu avec elle – nos frères dans l’ordre de la Nuit. »

En 1963, André Malraux, ministre de la Culture du président de la République Charles de Gaulle, suggère le transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon. L’idée fait l’unanimité et ledit transfert est réalisé le 19 décembre 1964, vingt et un an après la mort tragique du Résistant.

Le discours de Malraux, adressé en accord avec le protocole au Président de la République, s’étend durant 21 poignantes minutes : « Monsieur le Président de la République, Voici donc plus de vingt ans que Jean Moulin partit, par un temps de décembre sans doute semblable à celui-ci, pour être parachuté sur la terre de Provence, et devenir le chef d’un peuple de la nuit. Sans cette cérémonie, combien d’enfants de France sauraient son nom ? Il ne le retrouva lui-même que pour être tué ; et depuis, sont nés seize millions d’enfants… »

 

 

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