Deux lettres autographes signées de Jean GENET au Procureur du Tribunal.

« Monsieur le Procureur, J’ai l’honneur de vous demander de vouloir bien me communiquer la copie de mon dossier d’accusation relatif à mon affaire de faux passeports et vols de dossiers. »

1.500

Jean GENET (1910.1986)

Deux lettres autographes signées au Procureur du Tribunal de Seine.

Une page in-4° chacune. Cachets de collection sur chaque feuillet.

Slnd [Paris, février 1948].

 

Monsieur le Procureur, J’ai l’honneur de vous demander de vouloir bien me communiquer la copie de mon dossier d’accusation relatif à mon affaire de faux passeports et vols de dossiers. Affaire jugée en septembre 1937…

 

Nous joignons :

Jean COCTEAU. Lettre autographe signée à Maurice Garçon. Slnd [Paris, février 1948]. Une page in-4° sur papier à en-tête des Éditions Paul Morihien.

Paul MORIHIEN. Lettre dactylographiée signée à Maurice Garçon. Paris, 16 février 1948. Une page in-4° sur papier à en-tête des Éditions Paul Morihien.

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Fouiller le passé judiciaire de Jean Genet pour en exhumer les dossiers : une mission confiée à Maurice Garçon, l’avocat de l’écrivain qui, cinq ans plus tôt, lui permit d’échapper à la relégation perpétuelle.

Sous prétexte d’un projet de réhabilitation, Jean Cocteau et Paul Morihien s’adressent à Maurice Garçon afin que l’avocat appuie les demandes adressées par Jean Genet au procureur du tribunal de la Seine de communication de dossiers liés à deux de ses affaires passées : il souhaite obtenir copie du dossier d’accusation dans l’affaire des faux passeports et vols de dossiers de 1937 et du rapport du docteur Claude dans l’affaire du vol des Fêtes galantes de Paul Verlaine jugée en 1943. (On sait que Maurice Garçon, avec l’aide de Jean Cocteau, sauva Genet de la relégation. C’est au cours de ce procès qu’eut lieu l’échange fameux entre le romancier et le juge. Ce dernier demandant à Genet s’il connaissait le prix de l’ouvrage volé eut droit à la merveilleuse réponse de l’écrivain : “Je n’en connaissais pas le prix, mais j’en connais la valeur.”)

Dans la lettre qu’il adresse à Maître Garçon avec les trois documents autographes, l’éditeur et ami de Genet résume la situation : “Genet a oublié les dates précises. Cela peut-il vous gêner dans vos démarches ? Il prétend d’autre part que nous n’obtiendrons satisfaction qu’en prétextant un projet de réhabilitation. Il s’agit en vérité d’une biographie que veulent entreprendre Cocteau et Sartre. Vous saurez mieux que quiconque ce qu’il convient de faire pour obtenir ces pièces qui peuvent donner lieu à un ouvrage bien drôle.”

On sait que Sartre seul mènera à bien ce projet : son Saint Genet comédien et martyr paru en 1952 fut une des publications clés dans la reconnaissance de l’écrivain. Il est amusant de noter que le projet était alors commun : l’amitié marquée de Genet pour Sartre et Beauvoir devait susciter la jalousie de Jean Cocteau, premier découvreur et soutien de Genet quand celui-ci n’avait rien publié d’autre que son poème Le Condamné à mort.

 

 

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