Oscar DOMINGUEZ envoie une lettre poignante à son ami Georges Hugnet.

Oscar DOMINGUEZ (1905.1957)

Lettre autographe signée à Georges Hugnet.

Une page in-4° sur papier crème.

 [Barcelone. Circa 1936-1937]

« J’arriverai à faire un bateau, même avec le squelette d’un cheval mort dans la guerre pour partir. »

Esseulé à Barcelone et désespéré par la guerre civile espagnole qui sévit, Oscar Dominguez rédige une lettre aux accents tragiques.

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« Cher Georges, Renferme, et emmerdes jusqu’à l’infini. Je te demande de m’écrire, cela me ferait bien plaisir. Je ne peux pas t’expliquer plus rien de ma vie actuelle, malgré tout je compte être à Paris aussitôt après que les événements d’Espagne finissent. Noir ou blanc.

J’arriverai à faire un bateau, même avec le squelette d’un cheval mort dans la guerre pour partir. J’ai reçu une toute petit lettre de Lila^* et aujourd’hui une carte postale. Je te supplie la grande faveur de remettre à Lila la lettre que je t’accompagne pour elle.

Mon vieux, à bientôt j’espère. Beaucoup de souvenirs pour tous, beaucoup beaucoup des amitiés pour le café place Blanche^**, pour Germaine et pour toi. Oscar. Écris-moi chez ma sœur, sans mettre mon nom : Julia Dominguez, « Casa Montaña ». Puerto de la Cruz. Écris-moi beaucoup, pas de politique. »

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Pour une lecture plus aisée, nous avons corrigé les erreurs de syntaxe de Dominguez.

 ^* Après des liaisons avec Georges Hugnet et André Breton, Lila Ferry fut l’amante d’Oscar Dominguez de 1936 à 1938. Elle rencontra, cette même année 1938, l’écrivain-scénariste Jean Lévy, spécialiste de Raymond Roussel et Satrape du Collège de Pataphysique.

^** Haut lieu des rencontres surréalistes, le Café de la place Blanche accueillit, en 1935, les premières tentatives de décalcomanie de Dominguez. Cette exposition créa une vague d’enthousiasme et marqua l’histoire du mouvement surréaliste : « En 1935, se sentant isolé, Dominguez avait écrit à Breton. Il lui demandait s’il pouvait se rendre aux réunions du groupe surréaliste. Celles-ci avaient lieu au café de la Place Blanche, nous nous y retrouvions avec Breton, Dalí, Tanguy, Ernst… Dominguez prit vite l’habitude de se joindre à nous. » Marcel Jean (Gérard Xuriguera, Oscar Dominguez, Paris, Filipacchi, 1973, p. 7).