François MITTERRAND appelle Gabriel MATZNEFF à la mansuétude.

« Je souhaite que vous restiez celui qui conteste : c’est ainsi que nous défendrons ensemble la liberté. »

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François MITTERRAND

Lettre autographe signée à Gabriel Matzneff.

Deux pages in-8° sur papier à en-tête de l’Assemblée nationale.

Paris. 17 mai 1966.

 

« Je souhaite que vous restiez celui qui conteste : c’est ainsi que nous défendrons ensemble la liberté. »

 

Remarquable lettre du futur président de la République se défendant avec brio et amitié face aux critiques émises par Gabriel Matzneff au sein d’un article paru dans Combat. L’amitié entre les deux hommes, née au mitan des années 1960 et marquée de leurs amours littéraires, perdura jusqu’à la mort de François Mitterrand, en 1996.

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« Cher Monsieur, Je vois que je continue d’aimer mieux ce que vous écrivez que vous n’aimez ce que je fais. Vous dirai-je cependant que je juge vos dernières appréciations un peu sommaires ? Peut-être aurais-je du vous expliquer mes raisons plus tôt. J’y ai pensé et me reproche aujourd’hui de n’en avoir pas trouvé le temps. Ne m’imaginez pas emporté par le courant de la vie politique quotidienne. Sans doute ai-je été mal organisé : cette leçon tirée je verrai toujours grand avantage à vous rencontrer.

À mon sens la violence de votre dernier article nuit à la qualité de l’analyse. Et pourquoi vous, écrivain et écrivain sensible, cherchez vous si peu à comprendre les mobiles d’un homme politique responsable qui pour traiter la réalité avec la rigueur nécessaire, et non pas avec complaisance (agir en sens exactement contraire m’eut été plus facile), a le droit de se sentir mal traité par ceux dont il est proche alors qu’il doit déjà s’imposer à lui-même une règle sévère ?

Ceci dit, je trouve très désagréable qu’on vous fasse, parmi nos amis, un procès, simplement parce que vous avez écrit ce que vous pensiez. Je souhaite que vous restiez celui qui conteste : c’est ainsi que nous défendrons ensemble la liberté. Et si vous usez de ce droit avec le souci de comprendre avant celui d’injurier je me réjouirai de pouvoir demeurer cordialement votre François Mitterrand. »

 

 

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