Émouvante lettre de Joséphine BAKER prête à combattre pour la France.
“Je ne quitterai pas le bateau Val, je ne peux pas. Je l’aime notre pays, plus que tout.”
1.500€
“Je ne quitterai pas le bateau Val, je ne peux pas. Je l’aime notre pays, plus que tout.”
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Joséphine BAKER (1906.1975)
Lettre autographe signée à Valentine Fauchier Magnan.
Deux pages grand in-4°.
Manque en coin supérieur sans atteinte au texte.
[Château des Milandes] 18 août 1940
« Je l’aime notre pays, plus que tout. »
Très émouvante lettre de Joséphine Baker à la fois abattue et combative au regard de la récente capitulation française face aux armées hitlériennes. Délaissée par son mari qui, selon elle, l’a fuie compte tenu de sa couleur de peau, l’artiste démontre son sens de l’honneur et du courage qui feront d’elle une vaillante Résistante : « Keep your head up. Courage et patience. »
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« Ma chère chère chère Val, Jamais vous ne pouvez imaginer ma joie quand hier le facteur m’a apporté votre lettre datée d’ailleurs du 2 juin, c’était mon cadeau d’anniversaire, c’était le 3 juin mon anniversaire, comme je suis heureuse de savoir que vous m’avez pas oubliée, merci.
Enfin que de choses depuis notre dernière rencontre dans la rue aux Champs Élysées, je suis contente que vous continuez à travailler pour la Croix-Rouge, oui que de prisonniers et tant d’autres choses ma pauvre Val de si malheureux. Il y a une chose qui me pèse sur le cœur et c’est que le jour que je suis partie, j’avais téléphoné chez madame Menier pour la voir et lui dire tout mais, hélas elle n’était pas libre ce jour-là, et moi j’étais obligée de partir de suite. Depuis je pense à elle, la pauvre femme toute seule là-bas, je pense sans arrêt. Où est-elle ? Comment est-elle ? Je n’ai pas pu lui parler au téléphone naturellement et depuis cela est resté sur ma conscience.
Je suis ici en pleine campagne, seule mais tranquille, Jean [Jean Lion, son mari] est parti avec sa famille, peur à cause de moi, je suis de couleur et l’autre chose, vous me comprenez ? Enfin, je ne quitterai pas le bateau Val, je ne peux pas. Je l’aime notre pays, plus que tout.
Je suis contente de savoir que notre petit Claude est bien […] Écris-moi vite Val chérie. Je vous embrasse tous les deux. Votre Jo. Keep your head up. Courage et patience. »
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Devenue française par son mariage, en 1937, avec Jean Lion, Joséphine Baker décide d’entrer en résistance contre les nazis et refusera de chanter à Paris tant que les Allemands y seront.
Elle effectue, dès 1939, plusieurs tournées le long de la frontière nord-est pour motiver les troupes. En septembre 1939, Daniel Marouani, frère de l’agent de Joséphine Baker, la présente à Jacques Abtey, officier du 2ème Bureau, le service de renseignement de l’Armée. Abtey, qui était chef du contre-espionnage militaire à Paris au moment de la déclaration de guerre, est alors chargé de recruter des « Honorables Correspondants » des personnalités bénévoles et dignes de confiance susceptibles de se rendre partout sans éveiller les soupçons afin de recueillir des renseignements sur l’activité des agents allemands.
Il est alors convenu que Joséphine Baker se servira de ses relations pour se faire inviter aussi souvent que possible dans les cocktails donnés dans les ambassades afin d’y recueillir des informations sur les troupes ennemies. Elle réussit ainsi à obtenir, lors de réceptions données dans les ambassades d’Italie et du Portugal, de précieux renseignements sur les mouvements des troupes allemandes et les intentions de Mussolini au début de la guerre.
En juin 1941, Joséphine Baker tombe gravement malade. Son hospitalisation qui durera 19 mois ne met pas un terme à son activité de renseignement, bien au contraire puisque sa chambre devient un centre d’échanges d’informations secrètes. Elle s’emploie également à convaincre tous les officiels américains qu’elle rencontre de soutenir le général de Gaulle et la France Libre.
Lors du débarquement des Américains en Afrique du Nord, le 11 novembre 1942, elle quitte sa chambre d’hôpital pour vivre l’événement tant attendu.
A peine rétablie, Joséphine Baker part soutenir le moral des troupes et organise des spectacles en remettant à l’armée française l’intégralité de ses cachets. (Référence : Pascale Chardonnet et Françoise Firmin, Société d’Histoire du Vésinet, avril 2014.)
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Pour une lecture plus aisée, nous avons corrigé l’orthographe de J. Baker.
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