Emil CIORAN devise sur Dostoïevski, le christianisme et le suicide. 1976.

Emil CIORAN

Lettre autographe signée à Gabriel Matzneff.

Deux pages in-4°. Enveloppe autographe.

Paris. 29 février 1976.

« Vos rencontres avec Montherlant ont une valeur de document. La leçon qu’on en tire est qu’aucun suicide n’est improvisé. »

Remarquable lettre du philosophe roumain sur Dostoïveski, le christianisme, Montherlant et le suicide.

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« Cher Monsieur, Vous avez raison de cultiver le fragment – qui est toujours fragment de vie alors que l’essai, le roman, la « philosophie » et le reste ont nécessairement quelque chose d’artificiel, de voulu. Il est dommage, je me dis parfois, que Dostoïevski ait eu besoin de gagner de l’argent, d’écrire de gros livres, alors que nous aurions pu avoir le témoignage direct de ses humeurs et de ses crises. (À propos de Dostoïevski, connaissez-vous le nom de Clidlovski, un de ses amis de jeunesse ? Voilà quelqu’un qui pourrait vous plaire, me semble-t-il. Sur lui, je vous recommande les pages (140-144) que lui consacre Dominique Arban dans « Les années d’apprentissage de Dostoïevski »).

Ce que j’aime par-dessus tout dans « Cette camisole de flamme », c’est la tentation et le refus du christianisme, le refus en particulier. Vous êtes chrétien uniquement par vos côtés « morbides ». Au fond, la seule excuse du christianisme est de nous faire regretter ce qui l’a précédé. Vous ai-je jamais dit que lorsqu’on vous lit on rit, ou on sourit ? C’est le meilleur signe que ce que vous écrivez est roboratif, pour employer un objectif que vous affectionnez. Vos rencontres avec Montherlant ont une valeur de document. La leçon qu’on en tire est qu’aucun suicide n’est improvisé. Bien amicalement à vous. Cioran. »

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Publié en 1976, « Cette camisole de flamme » est le premier volume du Journal publié par Gabriel Matzneff.