Edgar DEGAS (1834.1917)

Lettre autographe signée à Sophie Niaudet-Berthelot.  

Quatre pages in-8°. Slnd. [Paris] 3 octobre [1889]

« Je ne fais pas toujours ce que je dois. »

Très belle lettre de Degas, au ton à la fois amical et familial, félicitant son amie du mariage de sa fille et donnant parallèlement des nouvelles de sa sœur Marguerite récemment émigrée en Argentine.

_________________________________

 

« Ma chère Sophie, dimanche seulement j’ai trouvé en rentrant à Paris votre bonne lettre. Le mariage, si je n’y suis pas allé (par votre faute, ou celle de Louise, ou même la mienne puisque j’étais trop loin) je l’ai vu à temps, assez pour vous en écrire et vous en féliciter. Presque tous les torts sont donc de moi.

J’ai trouvé aussi, enfin !, une lettre de Marguerite de là-bas, du 18 août, fort longue, de fort bonne humeur, très consolante pour nous. Les recommandations de vos amis Paz sembleraient devoir être aussi utiles et actives que nous le souhaitions. Vous leur aurez été d’un fameux coup d’épaules, ma chère Sophie, et les pauvres gens le méritaient bien. Marguerite allait écrire à ses amis, disait-elle, à vous d’abord. Et peut-être aurez-vous reçu quelque chose ?  

Célestine [la fille de Marguerite] m’avait écrit en vue de Montevideo, disant que la traversée avait été excellente et que tous allaient bien. J’aurais très bien pu vous écrire quelque chose là-dessus comme sur le mariage de votre charmante Camille. Et je ne l’ai pas fait, parce que je ne fais pas toujours ce que je dois.

Voici l’adresse là-bas ; Calle Callao 2037. Vous êtes fort capable, sans attendre que Marguerite ait commencé, de lui écrire là-bas, parce que vous êtes, ma chère Sophie, faite d’une pâte d’amitié qui ne sèche jamais. Souvenirs affectueux à Berthelot, et compliments à la mariée, dont je me rappelle tout de même la jolie tête, bien que je l’aie beaucoup trop peu vue. Votre vieil ami Degas. »

 

_________________________________

 

Sophie Niaudet-Berthelot (1837.1907), nièce de Louis Breguet, épousa Marcellin Berthelot, en 1861. Six enfants naquirent de cette union, dont Camille Berthelot (1864.1928), troisième enfant du couple, dont Degas évoque ici le mariage avec Charles Victor Langlois, célébré au Temple de l’Oratoire, à Paris, le 26 août 1889. Sophie Niaudet-Berthelot fut la première femme inhumée au Panthéon, où elle repose aux côtés de son époux.

_________________________________

Sœur cadette de Degas, Marguerite (1842-1895) fut l’un des modèles favoris de son frère. Elle épousa en 1865 l’architecte Henri Fèvre (1828-1900) qu’elle suivit à Buenos-Aires en 1889 – quelques semaines avant la présente lettre. Dans une situation financière délicate à la suite de mauvaises affaires, Fèvre espérait un nouveau départ en terre Argentine. Sophie Berthelot semble avoir intercédé en faveur du couple ainsi que le suggère le peintre : « Vous leur aurez été d’un fameux coup d’épaules, ma chère Sophie, et les pauvres gens le méritaient bien. »

Degas ne revit jamais sa sœur, morte en Argentine en 1895 à l’âge de 53 ans.

 

 

Formulaire de contact

Nouveautés