Sidonie Gabrielle Colette, dite COLETTE (1873.1954)

Lettre autographe signée à Hélène et Philippe Berthelot.

Trois pages grand in-4° sur papier bleu à en-tête de l’hôtel Claridge Champs-Elysées.

[Paris. Septembre 1931]

« Ainsi sommes-nous, nous autres mères chattes. »

Colette, en convalescence de sa jambe fracturée, se réjouit de la présence de sa fille et de la naissance d’une jeune chatte lui permettant de garder un moral vaillant.

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« Chers amis, quelle jolie lettre, et faite pour mon plaisir ! Voulez-vous que je me casse l’autre jambe ? Oui, si vous me promettez de m’écrire encore. Je me réjouis de penser que trois personnes humaines – ou cotées humaines – savent réellement ce qui est sérieux et ce qui ne l’est pas : vous deux, et moi.

Il me faut encore des semaines de patience, la fracture est très bonne, mais je me suis arraché tous les ligaments du pied par torsion, c’est très long à recoller, me dit-on. Je ne veux pas qu’on me plaigne trop, il y a du soleil dans cette petite chambre où on m’a ramenée depuis cinq jours. Sur mon lit j’ai une table, une chatte et son petit de six jours … Oui, chère Hélène, encore un petit chat qui est probablement aveugle, – comme tous les petits chats, pour la vie, -en outre il traîne le train de derrière d’une manière inquiétante ; – n’aura-t-il pas une malformation de la mâchoire inférieure qui l’empêchera de se nourrir ? Ainsi sommes-nous, nous autres mères chattes.

Je retrouve ma raison quand il s’agit de ma charmante fille à deux pattes [sa fille, Colette de Jouvenel], qui tous les jours m’apporte sa fraîcheur, les histoires du studio où elle travaille, les nouvelles de « sa » voiture. Non, ne me plaignez pas trop. Grâce à un péroné cassé, j’ai un avant-goût de ce que je serai dans quelques années. Ce n’est pas amer.

 Si vous passez par ici, montez un instant ? Je serai si contente. Je vous embrasse tendrement tous deux, Maurice Goudeket [son époux] est votre très dévoué Maurice. Et la nouvelle petite chatte s’appellera « péronelle ». Votre Colette. » 

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Nul besoin de développer plus encore l’amour de Colette pour les chats. Notons simplement que Philippe Berthelot lui offrit, en 1921, une femelle serval du Tchad, baptisée Bâ-Tou.

 

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