André HAMBOURG – Belle lettre illustrée d’un lavis figurant Venise.

André HAMBOURG (1909.1999)

Lettre autographe signée.

Quatre pages in-4°.

Venise. 28 février [19]58

« Je crois avoir bien travaillé … notamment 2 grandes toiles de neige… »

Très belle lettre du peintre français illustrée, en tête, d’un lavis d’encre figurant des bateaux et gondoles navigant devant la basilique de San Giorgio Maggiore. Hambourg passionné par Venise et par son travail doit bientôt rentrer à Paris pour une émission avec ses confrères André Lhote, Foujita et Isis Kischka. Il s’inquiète par ailleurs de la collection de ses clients, le couple Krafft.

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Ma chère Jane, Depuis mon arrivée, je veux vous écrire (c’est-à-dire depuis 8 jours) mais vous vous doutez de mon régime vénitien. Réveil à 7h, travail jusqu’à la nuit, avec un arrêt d’une heure pour déjeuner … et la mauvaise conscience de ne pas pouvoir travailler plus. Ce qui fait que le soir, après un nettoyage du matériel et du personnage, je me suis assez fatigué pour remettre à après mes 2 yogourts (mon repas du soir), mon courrier … mais après je remets au lendemain !

J’ai eu de la veine tout le temps : brume à l’arrivée, neige ensuite (cela n’arrive qu’une fois tous les 5 ans paraît-il), soleil et pluie. Froid aussi, ça c’est moins drôle. Pas un touriste à mon arrivée, Venise et mon hôtel pour moi tout seul. Le patron de l’hôtel m’a fait un atelier de la chambre jumelle de la mienne … et j’ai couché, pendant la tempête de neige, dans une troisième chambre mieux chauffée ! Je crois avoir bien travaillé … notamment 2 grandes toiles de neige (2.40F) et pas mal de petites, le tout à mettre au point au retour à Paris … en attenant de revenir ici vers le 20 avril. Pour le moment, il faut déjà penser au retour, dans 5 jours, car il me faut être à Paris mardi matin pour un déjeuner très officiel et une émission à la télé avec Lhote, Foujita et, bien entendu, Kischka. Celui-ci a dû vous écrire pour vous dire le succès de ses toiles chez Mme Krafft, Nicole a dû vous en parler. Tout le monde est content et c’est le principal.

On attend mon retour pour tout régler avec M. Krafft qui préférait attendre quelques jours (à cause de la bourse) à ce sujet, c’est pas très réconfortant, mais je suis à Venise et ne veux pas penser à autre chose, sauf au moment de lire France Soir de la veille ! Dès mon retour à Paris, et quand j’aurais vu les K., je vous écrirai aussitôt et vous dirai comment tout va sur leurs murs ! Je crois qu’ils ont été contents de leurs nouvelles toiles (les fleurs d’Isis [Kischka], les miennes aussi). Je leur ai fait 500 en tout, en disant à Mme K. que j’aurais pris 400 pour d’autres, pour le portrait, et que les fleurs auraient été à 180.000 […]

Après avoir vu une 1^e fois les toiles dans leur salon, j’ai suggéré à Mme K. de mettre sur les murs du salon, en gardant sur le piano mes « thonniers », uniquement des toiles de fleurs. Ce qui ferait, je crois, très bien. Cela ferait mettre les 2 petits Smith (trop petits dans le grand salon) dans le bureau de M. K. et laisserait de la place pour plusieurs toutes petites fleurs […]