Carl Gustav JUNG et les théories sexuelles et analytiques de FREUD.

« Le problème névrotique ne peut être résolu par une réduction de la sexualité. »

Vendu

Carl Gustav JUNG (1875.1961)

Lettre autographe signée « Dr Jung » au psychanalyste André Tridon.

Deux pages in-8° en anglais, sur papier à son en-tête Dr. med. C.G. Jung. Küsnacht-Zurich. 5 septembre 1919. Enveloppe.

 

« Le problème névrotique ne peut être résolu par une réduction de la sexualité. »

Remarquable lettre du psychiatre Suisse se dissociant des théories sexuelles développées par Freud, expliquant son propre entendement de la libido, et précisant ses travaux en cours sur les Types psychologiques et sur la Symbolique.

 

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« Cher Monsieur, Vous trouverez mes opinions concernant l’École de Freud et d’Adler exprimées dans mon ouvrage Collected Papers on analytical Psychology [Essai de Psychologie Analytique] p. 299, 336, 367, 55.

Je suis sur le point de terminer un livre sur le problème de l’attitude et les types d’attitude[« Types psychologiques », publié initialement en Allemagne en 1921]. Je vous remercie de m’avoir aimablement envoyé un exemplaire de votre livre. Je considère que les travaux actuellement réalisés en Amérique, aussi bien qu’en Europe, comme indiqué ci-dessus, reposent sur une hypothèse trop étroite. Le problème névrotique ne peut être résolu par une réduction de la sexualité. Cela ne peut convenir qu’à un certain type de mentalité.

C’est un argument cinglant contre la Théorie sexuelle [de Sigmund Freud, développée, en 1905, dans son ouvrage « Trois essais sur la théorie sexuelle »], de sorte que le premier élève de Freud, Adler, avait dû inventer une théorie absolument différente, qui convient à beaucoup de gens bien mieux que la vision de Freud, comme les résultats le prouvent. 

J’essaie de concilier tous ces points de vue contradictoires à travers une théorie de l’attitude et une appréciation différente du symbolisme. Ce dernier point de vue a également été repris par [Herbert] Silberer, comme vous le savez. Croyez-moi, cher Monsieur, vôtre très sincèrement, Dr Jung. »

 

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Nous savons que Jung fût l’un des premiers disciples de Sigmund Freud. Néanmoins, dès la rédaction, en 1909, de ses Métamorphoses et symboles de la libido (ouvrage publié en 1912), Jung sut que cette initiative marquerait la rupture de son amitié avec le père de la psychanalyse. En effet, ce dernier, blessé, considéra immédiatement l’œuvre de Jung comme une volonté de « désexualisation » de la libido et une claire tentative de « tuer le père ».

La dégradation de leur relation débute réellement en 1911, lors du congrès de Weimar, Freud soupçonnant Jung (peu disponible pour l’Association Psychanalytique Internationale dont il était alors le Président) de vouloir créer son propre mouvement psychanalytique. La rupture entre les deux hommes s’avère rapidement définitive et est entérinée par les théories de Jung sur l’inconscient collectif et la publication de son ouvrage, en 1912, Métamorphoses de l’âme et ses symboles. Freud dénonce une hérésie, et considère désormais Jung comme un dissident, tel Alfred Adler (fondateur de la Psychologie individuelle, mentionné dans notre lettre) au début du mouvement psychanalytique.

En août 1913, comme pour officialiser cette rupture, Jung présente succinctement au XVIIe Congrès international de médecine organisé à Londres, sa nouvelle approche qu’il nomme la Psychologie analytique, la distinguant de la psychanalyse de Freud. Jung suggère de libérer la théorie psychanalytique de son « point de vue exclusivement sexuel ». Cette conférence porte un coup fatal à la relation entre les deux hommes. Freud, dans sa lettre du 27 octobre 1913 – la dernière entre les deux hommes – entérine la rupture : « Votre allégation, comme quoi, je traiterais mes partisans comme des patients est évidemment fausse (…) Par conséquent, je propose que nous abandonnions nos relations personnelles complètement. »

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Version originale :

“Dear Sir, You find my views concerning Freud’s and Adler’s School expressed in my Collected Papers on analytical Psychology, p. 299,336, 367, 55. I am about to finish a book about the problem of attitude and the types of attitude. I thank you for kindly sending me a copy of your book.  I consider the work actually done in America as well as in Europe along the lines mentioned above, as based upon too narrow an hypothesis. The neurotic problem cannot be solved through reduction to sexuality. It only suits a certain kind of mentality. It is a striking argument against the Sex-hypothesis, that Freud’s first pupil, Adler had to invent an absolutely different theory, that suits many people much better than Freud’s view, as the effect shows. I try to reconcile the contradictory views through a theory of attitude and a different appreciation of symbolism. The latter viewpoint has been taken up by Silberer too, as you know. Believe me, dear Sir, yours very truly Dr Jung.”

 

 

 

 

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