Stéphane MALLARMÉ (1842.1898)
Lettre autographe signée à l’éditeur Maurice Dreyfous.
Quatre pages in-8° sur apier à en-tête de La Dernière Mode.
Paris. 6 août 1874. « Rep[ondu] le 7 » de la main de Dreyfous, en tête.
Lettre inédite à la correspondance de Mallarmé.
« Quand vous aurez une nouveauté intéressant mes dames, roman ou vers… »
Formidable lettre de Mallarmé en quête de publications pour La Dernière Mode.
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« Mon cher ami, N’avez-vous pas reçu un mot, où je vous disais qu’on me charge d’un journal mondain et de modes ; l’employer notamment à répandre un vague goût littéraire parmi les dames, a été, en acceptant la rédaction, de ce journal, mon intention.
Aidez-moi : faites-moi connaître vos publications ; et quand cela doit intéresser mon public (car, par suite d’une combinaison un peu trop longue pour l’expliquer dans ce billet, nous avons, dès le début, un joli nombre d’abonnées), envoyez-les moi. Je vous demande, notamment, La Conquête de Plassans,dont je veux parler dans ma prochaine chronique.
Je n’ai annoncé à la page Programme et Gazette … qu’un livre ou deux de vous, à cause de votre silence. Ne m’oubliez plus, puisque je songe à vous. Au revoir : mes respects à Madame, qui recevra La Dernière Mode, si elle le veut bien. Je vous serre la main. Stéphane Mallarmé.
Mon cher ami, je rouvre ceci, au reçu de votre amical petit mot, mais je n’ai pas le courage de recommencer ma lettre, la centième que j’écris, ce matin, sur plusieurs malles ; car je joins au lancement d’un journal des préparatifs de voyage [Mallarmé s’apprête à son premier voyage vers Valvins (où se trouve aujourd’hui son musée)].
Pour le second numéro et pour les suivants, une liste, en général, que je reproduirai page 8 : Programme et Gazette, etc. Quand vous aurez une nouveauté intéressant mes dames, roman ou vers par conséquent, je demande le volume même, pour en parler dans la chronique.
Voilà. Votre main ; oui, la vie est dure à l’amitié ; enfin cette dernière survit. Ma femme ne vous oublie pas. Il faut que nous nous voyions, un jour ! S.M »
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En 1874, Stéphane Mallarmé écrit et compose entièrement huit numéros d’un journal illustré consacré à l’élégance féminine : La Dernière Mode. Sous les pseudonymes de Marguerite de Ponty, Miss Satin, Marasquin ou Une Dame Créole, le poète signe des chroniques dévolues à la toilette, aux concepts de mode féminine, et aux échos de salons.
La Conquête de Plassans – quatrième volume des Rougon- Macquart – fut publié chez charpentier dont Dreyfous était collaborateur.
Bibliographie : La Dernière mode de Mallarmé sous les feux du drame solaire – Barbara Bohac.