Sigmund FREUD (1856.1939)

Lettre autographe signée à Paul Federn.

Une page ½ in-4°, en allemand, sur papier à son en-tête.

[Vienne] 14 décembre 1911.

Belle lettre dans laquelle Freud parle de ses principaux sujets de préoccupations du moment, à savoir le mouvement psychanalytique et les démissions subies, notamment celle d’Eugène Bleuler qui vient de confirmer en novembre 1911 sa décision, mettant Freud hors de lui.

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« Cher docteur,  Je suis très fier du magnifique effet de ma lettre et je vous prie donc de confirmer que je me suis jusqu’ici comporté comme le combattant le plus zélé pour la réputation de la base. Je sais pourquoi je fais cela et je soupçonne aussi pourquoi l’opposition au sein de l’Association de psychologie est dirigée contre la formation de clubs. Vous aurez probablement entendu parler de ma correspondance avec Bleuler. Je crois que nos relations resteront autrement inchangées. Il continuera à me protéger et à me critiquer. Vraiment l’homme était le bon pour donner son nom à l’ambivalence. J’espère que vous avez un niveau similaire de légitimation personnelle pour travailler sur l’Église catholique.  Si les considérations de censure de l’éditeur ne l’emportent pas, j’aimerais vous acheter un nouveau volume des « Schriften », scripts..  Mon abominable mal de dents a perturbé ma visite chez vous le soir, mais il s’est avéré impuissant face au souvenir purifié de celui-ci, je vous prie de bien vouloir transmettre mes salutations à votre chère épouse et d’agréer mes meilleurs vœux ​​​de votre ​​​​​​​Freud. »

 

Version originale :

« Lieber Herr Doktor, Sehr stolz auf die zauberhafte Wirkung meines Mahnschreibens, bitte ich mir zu bestätigen, daß ich mich bisher als der eifrigste Kämpfer für das Ansehen der Zentrale verhalten habe. Ich weiß, warum ich das thue u. ahne auch warum sich die Opposition innerhalb der […] [PV – Psychoanalytischen Vereinigung?] gerade gegen die Vereinebildung richtet. Von meinem Briefwechsel mit Bleuler [Eugen] werden Sie schon gehört haben. Ich glaube, daß unsere Beziehungen sonst ungeändert bleiben werden. Er wird fortfahren, mich zu beschützen und zu kritisieren. Wahrlich der Mann war der richtige der Ambivalenz den Namen zu geben. Hoffentlich haben Sie zur Bearbeitung der kathol. Kirche eine ähnlich gute persönliche Legitimation. Wenn nicht Zensurrücksichten beim Verleger die Oberhand behalten, möchte ich Ihnen da gerne ein neues Bändchen für die « Schriften » abnehmen. Meine abscheulichen Zahnschmerzen haben mir zwar den Abendbesuch in Ihrem Haus arg gestört erweisen sich aber machtlos gegen die purifizirte Erinnerung daran. Grüßen Sie mir Ihre liebe Frau herzlich u. nehmen Sie selbst die besten Grüße von Ihrem Freud »

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Le psychanalyste Paul Federn (1871-1950) était l’un des proches et des plus anciens disciples de Freud. Il fut son représentant officiel en tant que vice-président de la Société psychanalytique de Vienne de 1924 à 1938.

Eugène Bleuler (1857-1939), psychiatre suisse, professeur de psychiatrie à l’université de Zurich et directeur du célèbre hôpital psychiatrique du Burghölzli, fut très tôt marqué par les travaux de psycho-physiologie de Wundt et par les idées de Freud, qui lui furent transmises par Jung, alors son assistant. Il reste surtout connu par sa mise en question du concept nosologique de « démence précoce ».

 

 

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