Philippe PETAIN (1856.1951)
Lettre autographe signée au Général Bonnal.
Trois pages in-8° sur papier à son en-tête.
Arras, le 28 mars 1912.
Belle lettre de Pétain, encore colonel, à son mentor militaire, le Général Henri Bonnal.
« Mon Général, J’ai reçu avec infiniment de respect et de reconnaissance votre troisième volume de St Privat. J’ai eu l’occasion de faire de nombreux emprunts au 2e volume et je prévois que le dernier ne me sera pas moins utile. Ce que j’admire dans le 2e volume c’est la documentation énorme que vous avez su mettre en œuvre dans un nombre de pages relativement restreint, et la concision de votre style ; il n’ y a pas un mot inutile mais tous les mots portent. Je suis désigné pour aller faire un cours de tactique générale aux officiers supérieurs de cavalerie réunis à Saumur pendant le mois de mai et de juin. Ce cours se compose de quelques conférences, de nombreux exercices sur le terrain et d’un voyage de cadres de huit jours pour finir la série. Cette situation m’intéresserait beaucoup si je ne laissais pas mon régiment en panne (…). La coïncidence est vraiment fâcheuse. Les occasions de manier un régiment ne se présentent pas si souvent pour qu’on les abandonnent de gaité de cœur. Je vous prie de croire, mon Général, à mon très grand respect mêlé de toute la sincère affection que je vous garde fidèlement. Ph. Pétain »
En 1904, Pétain devint capitaine et fut nommé professeur adjoint d’infanterie à l’École de guerre par le général Bonnal. Là, Pétain prend toute sa dimension en se faisant le défenseur de la guerre de position, théories peu conformes aux conceptions tactiques de l’état-major qui prônent la guerre à outrance.
Le général Bonnal écrira de lui : « Capitaine remarquable, aussi bien comme officier d’état-major que comme officier de troupe. Réunit les qualités de vigueur, de coup d’œil, de décision et d’intelligence dans la juste proportion désirable chez un futur grand chef. »
Henri Bonnal (1844.1917), général et théoricien militaire français, fut professeur d’histoire militaire, de stratégie et de tactique générale de cette institution de 1892 à 1896, il y invente et adopte la méthode pédagogique des cas concrets à partir de l’étude d’exemples historiques. Théoricien de la guerre de 1870 et écrivain militaire, il est l’auteur de très nombreuses publications : études historiques, travaux tactiques, ouvrages de stratégie et manuels d’instruction pour officiers.
Il fut promu Général le 28 mars 1899, et commandant de l’Ecole supérieure de guerre en 1901.