Donatien Alphonse François de Sad(1740.1814). Marquis de SADE.

Lettre autographe signée à un officiel.

Deux pages petit in-4°. (Paris), ce 12 mars 1793, l’an 2 de la République.

« Non citoyen, je ne suis et ne serai jamais émigré. »

Superbe lettre du Marquis protestant contre son inscription sur la liste des émigrés.

«Citoyen, c’est permettez-moi de vous le dire aller un peu vite en besogne que de faire paraitre et afficher le nom d’un homme sur des listes d’émigrés, seulement parce que cet homme, retarde malgré lui, de quelques jours son certificat de résidence. Non citoyen, je ne suis et ne serai jamais émigré, je vous l’ai prouvé par l’exactitude que j’ai mis à vous faire exactement passer tous les trois mois les certificats exigés par la loi. Cet envoi-ci a été retardé par deux causes absolument indépendantes de moi ; la première c’est que les nouveaux imprimés n’ont paru que depuis huit jours, la seconde, c’est qu’au moment qu’ils ont paru on a dit qu’ils étaient inutiles, et qu’on allait en faire de nouveaux, où le nombre des témoins seraient réduit à trois. J’ai été moi-même malgré l’émigration dans laquelle vous me faites la grâce de me comprendre, nommé par ma Section pour l’organisation de ces nouveaux certificats ; enfin les miens sont signés, mais tant pour l’exposition que pour l’achèvement des signatures de la Commune, il faut un mois. Ce ne sera donc que dans trois semaines que je pourrai vous faire parvenir ces certificats. Vous y pouvez compter sans faute à cette époque ; si ce délai, auquel le remède n’est pas en mon pouvoir, venait à vous contraindre d’aller en avant malgré la certitude où cependant vous devez être que je ne suis point émigré, alors je vous prierais de me le faire savoir, pour que je m’adresse à la Convention même, en la priant de vouloir décider alors qui de nous aurait raison. Et plein de confiance en votre équité, j’ai l’honneur de me dire, Citoyen, avec fraternité, votre Concitoyen Sade. »

 

A la suite d’une erreur administrative (volontaire ?), le Marquis de Sade fut inscrit le 13 décembre 1792 sur la liste des émigrés des bouches du Rhône, et ses biens dans le département furent mis sous séquestre. Cette marque d’infamie le poursuivit longtemps et le soi-disant émigré fut arrêté un an plus tard.

 

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