Marcel PROUST prépare ses pastiches littéraires. 1909.

« Je vais faire copier sur mes informes brouillons le 1er paragraphe du 1er chapitre de Ste Beuve […] et dès que ce sera copié, voulez-vous me donner une soirée et venir le lire près de moi ?»

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 Marcel PROUST (1871.1922)

Lettre autographe signée à Georges de Lauris.

Quatre pages in-12°. Slnd [début octobre 1909]

Kolb, tome IX, pages 192-193

 

« Je vais faire copier sur mes informes brouillons le 1er paragraphe du 1er chapitre de Ste Beuve […] et dès que ce sera copié, voulez-vous me donner une soirée et venir le lire près de moi ?»

Belle lettre amicale et relative au roman de Lauris.

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« Mon petit Georges, Un mot car je suis dans les crises du retour. Votre lettre me revient à Paris l’hôtel n’ayant pas voulu me garder et moi n’ayant pas eu le désir après le temps que j’y ai passé l’an dernier de retourner à Versailles.

Je suis content que à peine votre livre fini vous songiez à du nouveau. « Aventure sentimentale pas très heureuse » m’a plus dans votre lettre. Il y en a donc d’heureuses ? Oui, il y a des veinards qui l’assurent et chez qui ces aventures-là sont très heureuses. Mais je me demande si elles sont vraiment sentimentales.

Je suis content de ce que vous me dites du retour possible de Bertrand. Je pense souvent à lui et serais content de le revoir, si toutefois il ne doit pas nuire à notre amitié. Car maintenant l’ordre des facteurs est interverti. C’est vous qui êtes dans ma vie l’amitié principale et lui est secondaire. Et s’il avait sur votre amitié pour moi une aussi mauvaise influence que vous eûtes sur son amitié pour moi, c’est contre lui que j’aurais le même genre de ressentiment que j’ai si longtemps gardé contre vous mais qui est entièrement dissipé ! 

Georges je ne chercherai peut-être pas à vous voir avant le commencement de novembre. Mais pendant que je vais me remettre un peu du retour, je vais faire copier sur mes informes brouillons le 1er paragraphe du 1erchapitre de Ste Beuve (c’est presque volume, ce premier paragraphe !) et dès que ce sera copié, voulez-vous me donner une soirée et venir le lire près de moi ? même si je ne peux guère parler, ce que j’ai écrit vous parlera. Du moins je le voudrais. Tendrement à vous, Marcel.

Je suis ravi de ce que vous me dîtes pour Fasquelle. Comme votre livre [le roman de Lauris publié finalement chez Grasset en 1910, Ginette Chatenay] est « convenable » et que vous êtes lié avec Calmann, Calmann m’avait paru tout indiqué, mais je crois Fasquelle encore mieux. Par conséquent ce serait parfait. »

 

 

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