Louis-Ferdinand DESTOUCHES dit Louis-Ferdinand CÉLINE (1894.1961)

Lettre autographe signée à Paul Marteau.

Trois pages in-folio. Enveloppe autographe timbrée.

Lettre inédite à la correspondance de la Pléiade.

Menton. 14 [juillet 1951]

 

« Quant à Féerie qui doit me renflouer, je m’y paye ma millième migraine… 10000e ! »

De retour en France après son amnistie, Céline, empêtré dans la rédaction de Féerie pour une autre fois, envisage de déménager en périphérie parisienne pour retrouver quelque quiétude. C’est dans le célèbre pavillon de Meudon – la Villa Maïtou – que le couple Destouches s’installera quelques semaines plus tard.

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« Mon cher ami, Le destin est fort rigolo – Je quitte Mikkelsen vieil escroc chevronné ; je tombe sur les beaux-parents à Menton qui lui sont juxtaposables comme en géométrie. Ceux-ci plus enragés encore, séquestrent leur bonne, et la font crever de faim. L’avarice délirante ! Aucun étonnement, la vie se donne le mal de vous jouer toujours à peu près la même comédie. Les acteurs seuls changent de peau, de bafouillage… c’est tout.

Tout réfléchi, puisque vous voulez bien vous intéresser à mon état et à mes projets, voilà ce que nous avons décidé Lucette et moi : trouver un petit pavillon à vendre libre à St Germain en Laye pour nous y installer. Le plus tôt possible. La vie avec ses fous malfaisants est ici impossible. Je choisis St Germain d’abord pour le lieu, aéré, pas loin de Paris – Lucette veut un jardinet pour ses animaux. Je possède un logement rue Claude Debussy à St Germain et une maison à St Leu la Forêt. Je vais essayer de vendre ces deux biens pour acheter un domicile libre à St Germain. Voilà mes plans. La Bretagne, je suis trop connu – et puis j’ai peur de la province ; la campagne ? trop isolé ! Mais le plus grave c’est l’état de Lucette. Nous serons à Paris le 6 septembre, nous avons rendez-vous avec Tailhefer le samedi 8 sept. à 15h30 […]

Quant à Féerie [son roman Féerie pour une autre fois] qui doit me renflouer, je m’y paye ma millième migraine… 10000e ! C’est du labeur diurne et nocturne auquel je suis heureusement rompu ! A vous bien amicalement et reconnaissant et bien sincèrement de bous deux. LF. Céline. Je n’écris à personne. »

 

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En octobre 1951, Céline et Lucette s’installent dans un pavillon vétuste, au 25 ter route des Gardes à Meudon, baptisé la Villa Maïtou.  Inscrit à l’Ordre des médecins, le Docteur L.F. Destouches, docteur en médecine de la Faculté de Paris accroche une plaque professionnelle au grillage qui enclot la propriété, ainsi qu’une plaque pour Lucette Almanzor qui annonce les cours de danse classique. C’est en ces murs que Céline mourra le 1erjuillet 1961.

Riche industriel et grand admirateur de Céline, Paul Marteau (1885.1966) fut l’un des plus fidèles soutiens de Céline durant son procès et lors de son retour en France. Revenus de Menton le 24 juillet 1951, Céline et Lucette s’installent jusqu’à début octobre chez les Marteau, à Neuilly sur Seine.

 

 

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