Lettre poignante de René Char à Paul ÉLUARD peu avant sa mort. 1952.

« Cette révolte de ma jeunesse contre l’injustice ou le fatal me revient à cause de toi, de cette affection que je te voue si ancienne qu’elle me paraît le sentiment même de l’amitié et de la poésie. »

2.500

René CHAR (1907.1988)

Lettre autographe signée à Paul Éluard.

Deux pages in-8° oblongues. Enveloppe.

Paris. 30 septembre 1952.

 

« Cette révolte de ma jeunesse contre l’injustice ou le fatal me revient… »

Épilogue tragique de vingt années d’amitié, de collaborations et de créativités poétiques, René Char rédige une lettre poignante à Paul Éluard, malade, quelques semaines avant la mort de ce dernier.

______________________________________________________________

 

« Mon cher Paul, J’apprends par Yvonne Zervos que ta santé te cause de pénibles ennuis. J’en ressens une vive tristesse, et cette révolte de ma jeunesse contre l’injustice ou le fatal me revient à cause de toi, de cette affection que je te voue si ancienne qu’elle me paraît le sentiment même de l’amitié et de la poésie ; par-dessus tous les obstacles.

Si je puis t’être utile à quoi que ce soit je te prie de me le faire savoir : je m’empresserai. Je ne connais pas Dominique, ta femme, mais je sais par ceux qui t’aiment, que nul mieux qu’elle, ne saurait te soigner t’aider, te guérir. Je pense bien à toi, dans cette solidité fervente du cœur qu’aucun pic ne peut entamer. Je t’embrasse, frère Paul. Laisse-toi au moins soigner. René Char. »

 

______________________________________________________________

 

Souffrant depuis plus de deux mois d’une angine de poitrine, Éluard est terrassé par une crise cardiaque au matin du 18 novembre 1952, aux côtés de son épouse Dominique. Il venait de terminer Poésie ininterrompue II, qui sera publié l’année suivante, illustré d’un portrait du poète par Picasso.

 

 

Formulaire de contact

Nouveautés