Léopoldine HUGO et la représentation des Burgraves.

Rare et émouvante lettre de Léopoldine Hugo – l’une des dernières de sa vie – invitant son beau-frère à la première représentation théâtrale du drame historique de Victor Hugo, Les Burgraves.

Vendu

Léopoldine HUGO (1824.1843)

Lettre autographe signée à Auguste Vacquerie.

Une page in-8°. Légère trace résiduelle de cachet de collection.

Slnd. Mardi [7 mars 1843]. Adresse autographe.

 

Rare et émouvante lettre de Léopoldine Hugo – l’une des dernières de sa vie – invitant son beau-frère, à la demande de sa mère Adèle Hugo, à la première représentation théâtrale du drame historique de Victor Hugo, Les Burgraves.

« Monsieur, On donne ce soir à la Renaissance une première représentation. Maman me charge de vous dire que si vous voulez bien l’accompagner elle a une place à votre disposition. Elle vous prie aussi de bien vouloir venir à six heures et demi dîner. Elle vous renouvelle l’assurance de ses sentiments d’amitiés. Léopoldine Hugo. »

 

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Léopoldine est la fille aînée du grand homme. Surnommée Didine, elle fut adorée de son père.

Mariée en février 1843 à Charles Vacquerie, le destin frappe six mois plus tard : le 4 septembre, à Villequier, le couple s’embarquent pour une promenade en bateau à voile. Un coup de vent renverse l’embarcation ; Léopoldine, qui ne sait nager, est emportée, tout comme Charles. Elle venait de fêter ses 19 ans.

Hugo, en voyage avec Juliette Drouet, n’apprend le décès de sa fille que le 9 septembre, à Rochefort. Attendant la diligence de La Rochelle dans un café, il parcourt le journal Le Siècle du 6 septembre, qui relatait l’événement : « On m’apporte de la bière et un journal, Le Siècle. J’ai lu. C’est ainsi que j’ai appris que la moitié de ma vie et de mon cœur était morte »

Dans son journal de Juliette Drouet témoigne de manière poignante de l’évènement : « Sur une espèce de grande place, nous voyons écrit en grosse lettre : Café de l’Europe. Nous y entrons. Le café est désert à cette heure de la journée. Il n’y a qu’un jeune homme, à la première table de droite, qui lit un journal et qui fume, vis à vis la dame de comptoir, à gauche. Nous allons nous placer tout à fait dans le fond, presque sous un petit escalier en colimaçon décoré d’une rampe en calicot rouge. Le garçon apporte une bouteille de bière et se retire. Sous une table, en face de nous, il y a plusieurs journaux. Toto en prend un, au hasard, et moi je prends le Charivari. J’avais eu à peine le temps d’en regarder le titre que mon pauvre bien aimé se penche brusquement sur moi et me dit d’une voix étranglée, en me montrant le journal qu’il tient à la main : « voilà qui est horrible ! » Je lève les yeux sur lui : jamais, tant que je vivrai, je n’oublierai l’expression de désespoir sans nom de sa noble figure. Je venais de le voir souriant et heureux et, en moins d’une seconde, sans transition, je le retrouvai foudroyé. Ses pauvres lèvres étaient blanches ; ses beaux yeux regardaient sans voir. Son visage et ses cheveux étaient mouillés de pleurs. Sa pauvre main était serrée contre son cœur, comme pour l’empêcher de sortir de sa poitrine. Je prends l’affreux journal et je lis… »

Hugo ne se remit jamais de ce sort tragique et le souvenir de Léopoldine fut chaque jour en son cœur : « Demain dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends. J’irai par la forêt, j’irai par la montagne. Je  ne puis demeurer loin de toi plus longtemps…. »

 

 

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