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L'affirmation de la vie par delà la mort selon Marcel PROUST.

« Si plus tard vous pouviez lire mon troisième volume vous y verriez sur la mort ou plutôt sur cette discorde entre la survivance de l’être que nous ne trouvons plus auprès de nous et sa radiation apparente de l’univers, des pages qui vous feront peut-être de la peine et du bien.   »

Vendu

Marcel PROUST (1871.1922)

Lettre autographe signée à la baronne Aimery Harty de Pierrebourg.

Quatre pages in-8°. Slnd. [début novembre 1916]

Kolb, Tome XV, pages 319 à 321.

 

« Si plus tard vous pouviez lire mon troisième volume vous y verriez sur la mort ou plutôt sur cette discorde entre la survivance de l’être que nous ne trouvons plus auprès de nous et sa radiation apparente de l’univers, des pages qui vous feront peut-être de la peine et du bien.   »

Proust s’enchante de l’article publié sur Paul Hervieu par Madame de Pierrebourg, véritable manifeste de la vie par delà la mort.

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« Madame, Un être n’existe-t-il vraiment plus, qui excite une si brûlante douleur ? Non, votre cri est la plus puissante affirmation de vie, la plus puissante protestation contre la mort. Si plus tard vous pouviez lire mon troisième volume vous y verriez sur la mort ou plutôt sur cette discorde entre la survivance de l’être que nous ne trouvons plus auprès de nous et sa radiation apparente de l’univers, des pages qui vous feront peut-être de la peine et du bien.  

Et je n’ose ici parler « livres » que parce que il peut y avoir telle littérature qui n’est que la scrutation plus profonde de la vie et de la mort, et qui par-là convient aux affligés. J’ai été bien ému que vous ayez pris la peine de me répondre, bien désolé de la fatigue que cela a dû être pour vous ; je ne m’y attendais pas ; trouvant trop naturel de vous dire de temps en temps une parcelle de mes pensées si fréquentes pour vous ; et pensant qu’il était sous-entendu que j’ajoutais comme on dit de vive voix à ceux qui pleurent et vers qui on se penche doucement : « Ne me répondez pas ». 

Mon admiration pour Madame votre fille et pour Georges, ma respectueuse sympathie pour elle, ma tendresse pour lui, sont encore accrues, par cette magnifique compréhension et partage et assistance, de votre douleur. Dites-leur combien j’en suis pénétré et veuillez agréer Madame mes sentiments bien respectueux et bien tristes. Marcel Proust. »

 

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Paul Hervieu, mort en octobre 1915, fut l’amant de Madame de Pierrebourg. Le couple est enterré dans la même sépulture du cimetière de Passy.

 

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