Jean MOULIN (1899.1943)
Photographie originale.
Le plus célèbre portrait du résistant français.
Montpellier. 1940.
Tirage argentique (17,40 x 12,30 cm) figurant Jean Moulin adossé à un mur en pierre, vêtu d’un pardessus et d’une écharpe, portant le feutre.
Cliché d’extraordinaire provenance : ancienne propriété de Laure Moulin (1892.1974), sœur du résistant, il fut offert par cette dernière à Noëlle Guillaumet, épouse de l’aviateur Henri Guillaumet, ami intime d’Antoine de Saint-Exupéry, et dédicacé au verso :
« à Noëlle Guillaumet avec ma vive sympathie. Laure Moulin »
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Cette photographie de Jean Moulin a contribué à nourrir la légende du héros de la Résistance. Antérieure à l’Occupation, elle a été choisie par sa sœur pour la cérémonie du transfert de ses cendres au Panthéon, le 19 décembre 1964 et utilisée par elle, en 1969, en première de couverture de la biographie consacrée à son frère.
Cette photographie laisse à deviner l’essence même du personnage : ténacité et abnégation, humilité et discrétion. Par logique, et de par sa force symbolique, elle est devenue l’emblème du résistant martyr arrêté à Caluire le 21 juin 1943 et mort quelques semaines plus tard sous les tortures de la Gestapo.
Certains exégètes (dont Laure Moulin elle-même) avaient initialement daté cette épreuve postérieurement à sa tentative de suicide du 17 juin 1940, pour expliquer que son écharpe aurait dissimulé sa vilaine cicatrice. Il n’en est rien. Les circonstances sont maintenant connues : venu passer quelques jours chez sa mère et sa sœur à Montpellier mi-février 1940, Jean Moulin est pris en photo par son ami d’enfance Marcel Bernard, aux Arceaux, près de la Promenade du Peyrou.
Cette photographie est aussi l’histoire d’une amitié. Marcel Bernard a été le camarade de jeu du jeune Moulin sur le Champ de Mars à Béziers. Ayant perdu son grand-frère, Marcel a reporté l’affection fraternelle sur son ami d’enfance. « Jean aimait Marcel Bernard comme un frère » écrira Laure Moulin. Les deux hommes ont grandi ensemble et ne se sont jamais quittés, s’estimant comme deux frères.
Très posée, et la trouvant trop figée, la photographie ne fut pas du goût de Jean Moulin, insatisfait du cliché de son ami Marcel : « Ce n’est pas bien brillant pour un virtuose comme lui » (lettre du 12 mars 1940).
Quel que fut le point de vue du résistant sur cette prise de vue, elle demeure aujourd’hui l’incarnation de la grandeur de cet homme mort pour la France.
La photographie est présentée dans un encadrement moderne à baguettes argentées.
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Provenance :
Collection Laure Moulin.
Collection Noëlle Guillaumet.
Collection privée.
Bibliographie (non exhaustive) :
J.P. AZÉMA, Jean Moulin : le rebelle, le politique, le résistant, Perrin, 2003.
Daniel CORDIER, Jean Moulin : la République des catacombes, Gallimard, 1999.
Ch. LEVISSE-TOUZÉ, D. VEILLON, Jean Moulin : artiste, préfet, résistant, Tallandier, 2013.
Laure MOULIN, Jean Moulin, Paris, Presses de la Cité, coll. « Coup d’œil », 1969.