Honoré de BALZAC (1799-1850)

Lettre autographe signée à Jacques-Julien Dubochet.

Quatre pages in-8° sur papier vert d’eau.

[Passy] 5 janvier 1844.

Correspondance Pléiade, tome III, n° 44-3, pp 188.189.

 

« Les onze volumes publiés seront les onze premiers de La Comédie humaine »

Importante lettre à Dubochet – l’un des quatre éditeurs de La Comédie humaine avec Pierre-Jules Hetzel, Alexandre Paulin et Charles Furne – témoignant des tracas éditoriaux de Balzac. Interrompu depuis novembre 1843, le service des livraisons de La Comédie humaine ne reprit qu’en janvier 1844. Balzac s’en plaint auprès de Dubochet et confie sa lettre à Hetzel, partenaire de l’aventure, à qui il écrit le même jour, lui faisant part du soutien que Victor Hugo lui porte.

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« Mon cher Dubochet, Comme rien ne doit empêcher de reprendre le cours des livraisons de la Comédie humaine d’aujourd’hui vendredi 5 en huit, vendredi 12 janvier, faites-moi le plaisir d’envoyer une petite note à tous ceux qui prennent les livraisons, ainsi conçue :

« L’absence de M. de Balzac a produit une interruption momentanée dans l’envoi des livraisons de la Comédie humaine ; mais cette interruption a été mise à profit par les Éditeurs qui se sont entendus avec l’auteur afin de combler les deux lacunes qui existaient dans l’ordre des volumes. Ainsi, après avoir publié les tomes 10 et 11 (2 et 3 des Scènes de la vie parisienne) ils seront en mesure de publier le tome 7 (3e des Scènes de la vie de province) et le tome 4 (4e des Scènes de la vie privée), en sorte qu’après la publication de ces 4 volumes, les onze volumes publiés seront les onze premiers de La Comédie humaine… »

Le public et les réclamants sauront ainsi que l’entreprise n’est pas abandonnée et je ne recevrai plus de lettres de gens qui se font un plaisir de me tracasser sous le voile de l’anonyme. C’est moi qui ai prédit que le public accepterait cette publication comme une chose très sérieuse et qu’il finirait par y voir une histoire au lieu d’y voir des romans. J’ai sept volumes d’ouvrages nouveaux à faire, à faire paraître et à placer soit en journaux, soit en librairie pour que les deux volumes qui font lacune soient complétés.

Il faut des délais pour qu’ils se publient soit dans les journaux, soit chez les libraires – mais il faut surtout les faire. Or, pour faire par exemple les 15 feuilles qui manquent au tome VII, il faut que M. Plon ait fini le tome X, et que son caractère s’emploie à mon roman. Et si Langrand [imprimeur] avait, depuis deux mois fabriqué le tome XI, il pourrait me composer sur le tome IV, des manuscrits qui se trouveraient prêts pour les journaux.

Je vous répète, mon cher Dubochet, que non seulement vous arrêtez l’affaire, mais vous m’ôte les moyens de faciliter le placement des 4 ouvrages que j’ai à publier. Je confie cette lettre à Hetzel afin que vous en confériez. Il est inimaginable que quand, une difficulté prévue par moi lors de vos premières intentions qui était de vendre des volumes séparés, une fois reconnue par vous, excite ma sollicitude, au point de me faire faire des travaux inouïs (de composer 4 ouvrages nouveaux, au lieu de m’occuper des Paysans qui sont composés, de la Pathologie de la vie sociale, etc.) ce soit vous qui me fassiez obstacle.

Le jour où vous voudrez publier dans la 10e page des journaux, comme prospectus, les 2 feuilles d’introduction que j’ai faites, vous verrez ce que vous vendrez des 12ers volumes ! Donc, je réclame encore une fois, et ce sera la dernière, votre volonté, votre activité qui m’ont été plus que promises (c’est un article écrit) pour faire finir le volume de Plon, et pour faire marcher rapidement Langrand. Le 1er volume des Scènes de la vie politique sera un en-cas nécessaire pour arriver aux délais des publications nouvelles, et croyez bien, mon cher Dubochet, que je m’arrange et travaille en ce moment à faire des surprises à ceux qui pourraient me croire ou mort, ou éteint ou affaibli. Les Études de mœursauront 16 volumes c’est un de plus que les 15 promis. Vous pourrez faire un temps d’arrêt entre les Études de mœurs et les Études philosophiques. Mes compliments. De Bc. 5 janvier 1844. »

 

 

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