Giorgio de CHIRICO (1888.1978)

Lettre autographe signée à l’éditeur Henri Parisot.

Deux pages in-12° sur une carte italienne.

Piazza di Spagna 31. Rome. 20 octobre 1947.

 

« Les seuls qui aient du talent c’est Picasso et Derain. Tout le reste c’est du bluff. » 

Formidable lettre du peintre italien témoignant de son dévouement à son art : « je travaille beaucoup et je continue à progresser dans le très difficile art de la peinture. » et livrant à son ami éditeur ses plus sévères critiques sur la décadence de l’Art moderne : « Je continue aussi à lutter de toutes mes forces contre l’immoralité de l’ainsi dit « art moderne » » et sur les surréalistes : « Que font ces imbéciles de surréalistes ? Ils ne sont pas encore morts ? »

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« Cher ami, J’ai reçu votre aimable lettre. On vous a mal renseigné car aucun album sur mes œuvres est paru en Italie. Comment allez-vous ? Comment va votre femme et votre enfant ? Donnez-moi de vos nouvelles et des nouvelles de votre activité littéraire. Moi, comme toujours, je travaille beaucoup et je continue à progresser dans le très difficile art de la peinture.

Je continue aussi à lutter de toutes mes forces contre l’immoralité de l’ainsi dit « art moderne » qui a son centre à Paris et qui n’a qu’un seul but : tromper son prochain pour empocher de l’argent.

Je constate avec tristesse que Paris, au point de vue art, est plus en décadence que jamais ; tous les étrangers, même les plus naïfs, s’en aperçoivent. C’est triste de voir un pays qui a eu tant de héros de la peinture, recourir à présent aux plus grotesques moyen de réclame pour gonfler encore des ballons qui s’appellent Matisse, Braque, etc. ; et qui se dégonflent à vue d’œil. Les seuls qui aient du talent c’est Picasso et Derain. Tout le reste c’est du bluff.

Ma femme [Isabella Far] s’est révélée une grande écrivain ; nous avons écrit ensemble un livre qui s’appelle Commedia dell’Arte Moderna, et qui a mis, ici, le feu aux poudres. Pourquoi ne publiez-vous pas quelques extraits de ce livre ? Ça mettrait aussi à Paris le feu aux poudres. Croyez-moi votre très dévoué G. d Chirico. Que font ces imbéciles de surréalistes ? Ils ne sont pas encore morts ? »

 

 

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