Georges GUYNEMER (1894.1917)

Lettre autographe signée.

Deux pages in-8°. Compiègne. 21 février [19]16

 » L’essentiel reste toujours simple : avoir la chance de rencontrer l’ennemi et l’attaquer à bout pourtant. « 

Très rare lettre du pilote français, quelques jours après l’obtention de son statut d’as de l’aviation, témoignant de sa farouche détermination à combattre l’ennemi dans les cieux de la première guerre mondiale.

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Monsieur, Je vous suis très reconnaissant de votre aimable lettre. Que vous dire sur le combat lui-même ? pas grand-chose ; les phases se succèdent si rapidement qu’il est bien difficile d’en rendre compte.

L’essentiel reste toujours simple : avoir la chance de rencontrer l’ennemi et l’attaquer à bout pourtant. J’espère continuer à réussir dans l’avenir car mes chefs ont mis largement à ma disposition tout ce que je pouvais désirer.

Encore merci de vos félicitations et veuillez agréer l’assurance de ma considération la plus distinguée. G. Guynemer, sergent pilote.

 

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Lorsque la guerre éclate, en août 1914, Georges Guynemer, élève brillant âgé de dix-neuf ans, se voit par deux fois opposer un refus à ses demandes d’engagement par la médecine militaire en raison de sa faible constitution.

Sa ténacité l’emporte le 23 novembre 1914, quand il parvient à entrer à l’école d’aviation de Pau, d’abord comme aide-­mécanicien, puis comme élève pilote, engagé pour la durée de la guerre. Breveté pilote en avril 1915, il est affecté en juin à l’escadrille numéro 3, celle des Cigognes, où il effectue d’abord des missions de reconnaissance, avant de livrer son premier combat aérien victorieux le 19 juillet.

Promu sergent et décoré de la médaille militaire, Guynemer enchaîne les victoires à partir de décembre 1915. Ses succès, à Verdun, sur la Somme, ou durant l’offensive du Chemin des Dames, le conduisent, à moins de vingt-­trois ans, au grade de capitaine.

Resté durant sa première année de combat dans l’anonymat, Guynemer accède à la notoriété le 6 février 1916 (quelques jours avant la présente lettre), date de sa cinquième victoire qui lui vaut le titre d’as de l’aviation. Il est alors le premier à bénéficier de la décision du Grand Quartier Général qui décide de divulguer à la presse le nom des aviateurs victorieux. Au fil des semaines suivantes, le portrait du pilote fait la couverture de nombreux journaux : L’IllustrationLe Petit JournalL’ExcelsiorLe Pays de France, etc.

Le 11 septembre 1917, à 8h30, Guynemer s’envole pour une nouvelle mission de combat. Vers 9h25, à proximité de Poelkapelle, en Belgique, il aperçoit un avion d’observation allemand, et se dirige vers lui. Son ailier, le lieutenant Jean Bozon-Verduraz, remarque l’approche de plusieurs Fokkers allemands et se porte à leur rencontre. Après les avoir dispersés, il retourne à l’endroit où il avait vu son chef pour la dernière fois. Il revient seul à la base. Guynemer a disparu. Ni l’épave de son avion, ni son corps ne furent retrouvés.

Le 19 octobre 1917, la Chambre des députés donne une dimension nouvelle au héros, en adoptant à l’unanimité une résolution pour que la mémoire de Guynemer soit perpétuée au Panthéon.

L’École de l’Air de Salon-de-Provence a fait sienne la devise de Guynemer : « Faire face » et l’Armée de l’air évoque son souvenir chaque 11 septembre par une prise d’armes sur ses bases aériennes. A cette occasion est lue la dernière citation du héros : « Mort au champ d’honneur le 11 septembre 1917. Héros légendaire, tombé en plein ciel de gloire, après trois ans de lutte ardente. Restera le plu pur symbole des qualités de la race : ténacité indomptable, énergie farouche, courage sublime. Animé de la foi la plus inébranlable dans la victoire, il lègue au soldat français un souvenir impérissable qui exaltera l’esprit de sacrifice et provoquera les plus nobles émulations. »

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Bibliographie : Agnès Chablat-Beylot – Archives de France.

 

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