Frédéric-Auguste CAZALS et la mort de Paul VERLAINE

Lettre autographe signée à Edmond Lepelletier, ami de toujours de Verlaine.

Importante supplique de Cazals auprès d’Edmond Lepelletier pour défendre la mémoire de Paul Verlaine, mort sept mois plus tôt.

« … ces douloureuses lettres que les amis du poète d’Invectives ne relisent qu’en pleurant… »

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(Paul VERLAINE) – Frédéric-Auguste CAZALS (1865-1941)

Lettre autographe signée à Edmond Lepelletier, ami de toujours de Verlaine.

Cinq pages ¼ in-12°. Paris. 19 août 1896.

Lettre inédite.

« … ces douloureuses lettres que les amis du poète d’Invectives ne relisent qu’en pleurant… »

Importante supplique de Cazals auprès de Lepelletier (alors rédacteur en chef de l’Écho de Paris) pour défendre la mémoire de Paul Verlaine (mort sept mois plus tôt), suite à la critique assassine de Henri Fouquier parue dans le Figaro du 12 aout 1896.

Cazals se démène par ailleurs à l’érection du Monument Verlaine et évoque Stéphane Mallarmé, président du Comité.

« Cher Monsieur Lepelletier, J’ai lu trop tard l’article de Mr Henry Fouquier pour réfuter les diverses erreurs qu’il contient. Ce devoir m’était imposé, autant par ma qualité de secrétaire du « monument à Verlaine » que par les sentiments que nous sommes quelques-uns à professer pour la mémoire du grand poète qui voulut bien nous honorer de son amitié. Je ne regrette plus maintenant que les circonstances vous aient donné l’avance sur un défenseur du seul zèle de l’amitié : Votre réplique à Mr Henri Fouquier est décisive. Elle vengera pour jamais, je le crois, le poète, des outrages qu’il a si injustement essuyés. Votre article, cher Monsieur Lepelletier, est, en effet, réparateur, en ce sens que bien des points altérés par Mr Henry Fouquier y sont remis dans leur véritable lumière. Vous dites très bien que, de son vivant, Verlaine n’eut jamais consenti à la publication de certaines des pièces qui composent ce livre. En tout cas, les traits les plus vifs ont été à leur juste adresse, Monsieur Henry Fouquier lui-même ne serait-il pas obligé de reconnaître que les boutades dont il tient tant rigueur à Paul Verlaine, n’ont été, comme on dit, qu’un « prêté pour un rendu » ? Mr Fouquier accuse, d’ailleurs bien à tort, notre poète d’ingratitude envers « le médecin qu’il l’a soigné ». Ceci est absolument inexact. La pièce d’Invectives à laquelle Mr Fouquier fait allusion vise un certain « interne des hôpitaux » qui, commis par son « chef » aux soins de l’illustre patient se fit un jeu cruel (et j’en tiens le témoignage de la bouche même de Verlaine) d’aggraver par mille pratiques indignes de la science et du maitre qu’il avait l’honneur de seconder les souffrances atroces du Pauvre Lélian. Telle est la vérité attestée par une page ineffaçable de « Mes hôpitaux », par le témoignage encore de vingt véridiques et honorables amis du poète et par maintes lettres de lui qui relatent ces faits. J’ajouterai, en réponse à monsieur Henry Fouquier, que les sentiments du poète envers « le médecin qui l’a soigné » – je le nomme s’il vous plait, c’est le Mr le docteur Chauffard – ont été ceux de la reconnaissance la plus constante et la plus vive. Les Dédicaces ont fait foi. Elles contiennent un sonnet de Verlaine à Chauffard qui ne peut laisser subsister aucun doute sur ce point. Voilà donc, cher Monsieur Lepelletier, rétabli véridiquement le caractère moral de Paul Verlaine, les imputations de Mr Fouquier touchant le mariage de Verlaine et ses « rapports » avec sa femme et son fils ont été ruinées par votre réponse. Ces calomnies tourneront donc à la seule confession, de leurs auteurs et de ceux qui les accréditent. Mais le grand coupable en tout cette affaire est, comme vous le dites très bien, cher Monsieur Lepelletier, l’éditeur d’Invectives (Léon Vanier). Que si cet avide industriel eût été, par malheur, commis aux soins du monument de Verlaine, c’en était fait de cette entreprise qui nous est si chère ! Le personnage se confie peut-être un peu trop en notre bégninité [sic] : il nous serait trop facile de confondre son impudence en produisant quelques-unes de ces douloureuses lettres que les amis du poète d’Invectives ne relisent qu’en pleurant. Je suis dans le sentiment d’une vive reconnaissance pour votre belle défense de notre maître, votre tout dévoué en lui, FA Cazals, Secrétaire du « monument à Paul Verlaine », 17 rue Guénégaud – Paris.  Nous vous aurions, cher Monsieur Lepelletier, une bien grande obligation de faire annoncer l’ouverture en septembre de la « souscription publique » au « monument à Paul Verlaine ». L’appel, par voie privée, a déjà produit quelques sommes qui ont été recueillies au siège du comité. Il a été rédigé par notre éminent président lui-même, Mr. Stéphane Mallarmé. Je vous en adresse, ci-inclus, un exemplaire avec prière instante de le faire publier à l’Écho de Paris et encore à ceux des autres journaux que vous honorez votre collaboration. Duplessys a reçu du Ministère de l’Instruction publique un secours de cinquante francs. Il me prie de vous exprimer toute sa reconnaissance pour votre bonne recommandation. Je vous serais, en outre, obligé de me faire savoir, s’il vous plaît, cher Monsieur Lepelletier, si vous avez rencontré Mr Osiris. Je me permets de vous rappeler que dans ma dernière lettre je vous sollicitais d’une démarche auprès de ce personnage. F.A.C. »

 

Lepelletier fit publier dès le 26 août, à la une de l’Écho de Paris, un article intitulé « La défense du monument ».

Cazals fut à l’initiative de la fondation du Comité Verlaine en mai 1896. Le « Monument à Paul Verlaine » envisagé par le Comité ne sera finalement inauguré que le 28 mai 1911, dans les jardins du Luxembourg. Il est l’œuvre du sculpteur suisse Auguste de Niederhausern, dit Rodo (1863.1913).

 

 

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