Émile GALLÉ (1846.1904)
Lettre autographe signée de ses initiales à Alfred de Lostalot.
Une page grand in-4°. Nancy. 19 août 1889. Duplicata de lettre.
Légers manques en marges sans atteinte au texte.
Gallé organise les publications de ses œuvres dans la Gazette des Beaux-Arts.
« Cher Monsieur de Lostalot, Mon ami M. Guérard me passe obligeamment vos lettres à lui sur mon cas. Pour ne pas contrecarrer M. Ganse, qui m’a exprimé son désir formel et celui de M. Garnier, je consens bien volontiers à ce que l’eau-forte de M. Guérard (voir Orphée) soit publiée par la Gazette. Voici la notice à publier au-dessous : Vase, étui. Maintenant, pour me récompenser de cette concession à mon sentiment intime, tâchez donc, mon cher Monsieur de Lostalot, de me présenter de profil, à vos lecteurs, dans une 2e eau-forte. Je m’en arrangerai avec M. Guérard pour alléger la Gazette de la valeur de son travail. Voici ce que j’appelle de profil : ainsi que je l’écrivais à M. Ganse, ignorant que vous eussiez la direction des planches, n’est-il pas juste que mon œuvre, dont le sens a été précisé par plusieurs critiques depuis q.q temps, soit représentée dans un recueil important comme le vôtre, par un objet essentiellement typique de ma manière ? C’est à dire le rendu de textes poétiques par des colorations vitrifiées, et sous la forme de plantes et floraison symboliques ? Ces figurations végétales sont plus fréquentes sur mes vases, la figure humaine me paraissant moins propre à revêtir un texte mystérieux et sensitif. Le vase monté par Mr Froment-Meurice n’est de moi que par la matière ; la forme japonaise m’a été imposée par une maison de Paris qui l’a gravée elle-même d’un ornement sans signification particulière. Il ne doit même pas porter ma signature, car M. F. Meurice n’a sur la provenance que par un chemin, n’a aucun droit à prendre la place, dans la gazette, de telle œuvre parachevée par moi avec amour, infusée d’une petite âme sensible. Publiez la donc comme pièce d’orfèvrerie, comme un idéal et précieux bijoux mais comme Froment-Meurice, sans mettre Gallé en jeu pour si peu et trahir d’autre part la véritable manière. Je fais toujours envoyer à M. Guérard plusieurs photos, les pièces au besoin. Si sa nouvelle eau-forte vous agrée, vous la prendrez. Sinon elle ira ailleurs, et il vous fera un dessin de texte, mais M. Ganse a déjà choisi un dragon, une tasse, (les uns et les autres Gallé d’exception). Tout à vous. »