Sidonie Gabrielle Colette, dite COLETTE (1873.1954)

Lettre autographe signée.

Deux pages in-4° sur papier bleu. Enveloppe autographe.

Paris. [3 août 1944 selon les cachets postaux].

« Un fauve pur, venu du Tchad avec son caractère intact de fauve, une merveille qui n’avait pas d’ancêtres domestiqués. »

Colette se souvient avec émotion de sa femelle serval du Tchad, Bâ-Tou, que lui avait offerte Philippe Berthelot en 1921.

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« Ce n’était pas un chat, mais un beau petit fauve, grand comme un chien de chasse, que m’avait donné votre oncle. Un fauve pur, venu du Tchad avec son caractère intact de fauve, une merveille qui n’avait pas d’ancêtres domestiqués. Que n’ai-je pu le garder ! C’était une femelle de 21 mois, magnifique. Elle grattait le plat de sciure comme une chatte propre. Dans son pays d’origine, ces charmants fauves mangent les moutons. Tout ce qui sentait un peu la laine la rendait folle. Si je retrouve (en double) une photographie d’elle, je vous la donnerai. Vous viendrez me voir plus tard, si Dieu me donne vie. Actuellement, j’ai un traitement assez dur de piqûres profondes. Et je signerai ce qui vous fera plaisir. Vous appartenez à un nom qui m’est si cher. Dites à « Tante Hélène » [H. Berthelot] qu’elle reste pour moi le type même de l’amie parfaite. Tout est achevé en elle ; sa bonne grâce, son caractère, d’une fermeté qu’elle dissimule. Dites-lui mille choses tendres de ma part, et croyez-moi, Monsieur, bien cordialement à vous. Colette »

 

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Nul besoin de développer plus encore l’amour de Colette pour les chats. Rappelons simplement cet autre souvenir de Colette pour Bâ-Tou :

« Elle rapprocha ses sourcils à ma vue, sauta à terre et commença sa promenade de fauve, de la porte à la fenêtre, de la fenêtre à la porte, avec cette manière de tourner et de changer de pied, contre l’obstacle, qui appartient à elle et à tous ses frères. Mais son maître lui jeta une boule de papier froissé et elle se mit à rire, avec un bond démesuré une dépense de sa force inemployée, qui la montrèrent dans toute sa splendeur. Elle était grande comme un chien épagneul, les cuisses longues et musclées attachées à un rein large, l’avant-train plus étroit, la tête assez petite, coiffée d’oreilles fourrées de blanc, peintes, au dehors, de dessins noirs et gris rappelant ceux qui décorent les ailes des papillons crépusculaires. Une mâchoire petite et dédaigneuse, des moustaches raides comme l’herbe sèche des dunes, et des yeux d’ambre enchâssés de noir, des yeux au regard aussi pur que leur couleur, des yeux qui ne faiblissaient jamais devant le regard humain, des yeux qui n’ont jamais menti… Un jour, j’ai voulu compter les taches noires qui brodaient sa robe, couleur de blé sur le dos et la tête, blanc d’ivoire sur le ventre ; je n’ai pas pu.

– Elle vient du Tchad, me dit son maître. Elle pourrait venir aussi de l’Asie. C’est une once, sans doute. Elle s’appelle Bâ-Tou, ce qui veut dire « le chat », et elle a vingt mois. »

 

 

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