Carl Gustav JUNG humble face au mystère de l'inconscient humain.

« Tous mes livres et articles ne sont encore que des éclats qui s’envolent de l’énorme bloc de mystère encore non résolu. »

Vendu

Carl Gustav JUNG (1875.1961)

Lettre autographe signée « C.G Jung » au magazine Forum.

Deux pages in-4° en anglais, sur papier à son en-tête Dr. C.G. Jung.

Küsnacht-Zurich. 17 décembre 1929.

« Tous mes livres et articles ne sont encore que des éclats qui s’envolent de l’énorme bloc de mystère encore non résolu. »

Extraordinaire lettre révélant la complexité et la richesse de la pensée jungienne, ainsi que l’humilité du psychiatre face au mystère de l’inconscient humain.

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« Cher Monsieur, Ci-joint, je vous envoie mon manuscrit sur les complications de la psychologie américaine. J’espère sérieusement que vous serez assez aimable pour corriger mon style, qui, j’en ai bien peur, n’est pas très bon. Je serais bien obligé, si vous vouliez me faire savoir, s’il y a une chance pour moi, d’obtenir une trentaine de réimpressions ? Il y a pas mal de monde ici, à qui je voudrais en envoyer un exemplaire.  

Quant à votre question concernant la confession générale de ma croyance, je dois dire que je l’ai pesée dans mon esprit. Cela devrait être, comme je le suppose, une confession de ses convictions ou de ses intuitions sur les choses ultimes, une sorte d’eschatologie subjective. C’est exactement ce à quoi je m’efforce de parvenir. Mais, mon cher Monsieur, c’est une chose sur laquelle je travaille depuis de nombreuses années d’une manière désespérément lente, et tous mes livres et articles ne sont encore que des éclats qui s’envolent de l’énorme bloc de mystère encore non résolu.  

Comment pourrais-je espérer trouver les mots pour décrire les interminables visites dans les profondeurs et les hauteurs de la vie ? Ma vision exige catégoriquement des mots et des formules qui ne sont pas encore inventés. Les platitudes ne suffiraient pas du tout, car le mystère de la vie n’est pas une banalité. Et d’ailleurs, avant même que je puisse dire un mot de mes convictions, il faudrait que je décrive les choses sur lesquelles j’ai des convictions, et là les ennuis commencent.  

Les Upanishads ont-elles jamais épuisé le mystère de Brahman ? Ou la philosophie bouddhique l’être et le non être indicibles du Tao ? Je ne pouvais pas parler à la légère des convictions ultimes, même si je savais quoi en dire. Mais je ne sais même pas comment les décrire. La seule chose que je puisse exprimer avec précision, ce sont mes convictions, que ce sont des choses puissantes et merveilleuses, dont nous savons trop peu. Sincèrement, C.G. Jung. »

 

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Dans le numéro d’avril 1930, The Forum (magazine new-yorkais paru de 1885 à 1950 et dirigé à l’époque par Henry Goddard Leach.) publie un article sous le titre Your Negroid and Indian Behavior or The Complications of American Psychology dans lequel Jung, après plusieurs séjours aux États-Unis, rapporte ses impressions sur la psychologie américaine, influencée, pense-t-il, par les relations entre Noirs et Amérindiens.

 

Version originale : “Dear Sir, Here enclosed I send you my MS about the Complications of American Psychology. I seriously hope you will be good enough, to correct my style, which I am afraid, is not very good. I should be much obliged, if you kindly let me know, whether there is a chance for me, to get about thirty reprints? There is quite a number of people over here, to whom I should like to send one. As to your question concerning the general confession of my creed, I must say, that I weighed it in my mind. It ought to be, as I assume, a confessions of one’s convictions or intuitions about ultimate things, a sort of subjective eschatology. That is exactly the thing I am striving to get at. But, my dear Sir, that is a thing, on which I am laboring since many years in a desperately slow way, and all my books and articles are still only chips flying away from the enormous block of still unsolved mystery. How could I possibly hope to find the words to describe the endless visits into depths and heights of life? My vision categorically demands words and formulas that are not yet invented. Platitudes would not do at all, because the mystery of life is no banality. And moreover, before I even could say a word about my convictions, I should have to describe the things, about which I have convictions, and there the trouble begins. Did the Upanishads ever exhaust the mystery of Brahman? Or Buddhist philosophy the inexpressible being and non being of Tao? I could not talk lightly about ultimate convictions, even if I knew, what to talk about them. But I don’t know even, how to describe them. The only thing, I can accurately express, is my convictions, that they are mighty marvelous things, of which we know for too little. Sincerely yours

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