Antoine BOURDELLE termine une “Tête d’Apollon” et une monographie.

Antoine BOURDELLE (1861.1929)

Lettre autographe signée à l’architecte Alfred Rome.

Deux pages in-4° rehaussées d’aquarelle jaune orangée et rouge.

Sans lieu. 27 mai 1922.

« Je vais avoir votre affaire tête Apollon […] Un peu d’or à mettre et on vous l’expédie. »

Très belle lettre du sculpteur fourmillant de projets artistiques, terminant une tête d’Apollon et préparant sa monographie.

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Cher amis Rome. Je vais avoir votre affaire tête Apollon et ma petite amie Marguerite aura ainsi pas loin d’elle le visage solide et volontaire du Dieu soleil. Un peu d’or à mettre et on vous l’expédie.

Ce qui paraîtra bientôt ce n’est pas ce que vous pensiez. Ce sera un petit livre composé par moi et de mon écriture portant en belles gravures sur bois les reproductions d’un buste – d’une statue – d’un masque et de quelques croquis.

Vous pourrez là commencer une bibliothèque de mon œuvre écrite que j’entreprends de publier.  Je laisserai le papa souscrire à ce petit ouvrage. 20 ou 30 francs. Mais j’en enverrai un dédicacé à ma petite amie. Ainsi j’atteindrai deux buts : aider l’éditeur et durer dans le petit souvenir de votre petit printemps. Je vous donne de bonnes nouvelles de Root. Il m’a écrit de Marseille qu’il va très très bien. Il va en Suisse. Espérons qu’il guérisse car sans cela quelle tristesse. Flandrin expose de fort beaux envois, il est très apprécié par ce qui compte dans ce qui est vivant dans le milieu Art. Je salue bien le Dr Flandrin.

J’espère que votre tapisserie se confond toujours avec le charme de ses trames colorées, trames bordées ornées par vos deux filles et que le fils aussi complète de sa bonne présence au moins de temps en temps. Est-il libéré du service ? Pauvre Root. Les soirs, chez vous avec les dévoués amis Farcy, avec la mimique endeuillée de l’ardent artiste qu’est A. Farcy. Le salut de Lhote. Rome architecte tranquille comme la ville éternelle […] Ant. Bourdelle. »

Je tiens à ce que vous soyez libre pour l’Apollon au musée. Il y aura j’espère bientôt encore un ouvrage publié avec préface de moi et deux dessins. Je vous avertirai. Une nouvelle conférence sur l’Art – depuis les origines jusqu’à nos jours – sera plus tard publiée.

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La Tête d’Apollon est l’aboutissement d’une étude commencée par Bourdelle à la fin du XIXe siècle, alors qu’il est encore employé comme exécutant par Rodin. A cette époque, Bourdelle est à la recherche de sa propre voie, souhaitant abandonner le romantisme expressionniste de son maître. Sa Tête d’Apollon annonce la naissance de son nouveau style et son retour à l’antique. La disposition de la tête sur un socle facetté et asymétrique annonce aussi une nouvelle ère.  Des exemplaires de cette oeuvre sont conservés au Musée Bourdelle, au Musée d’Orsay à Paris, ainsi qu’au Nationalmuseum de Stockholm.