Gustave FLAUBERT (1821.1880)

Manuscrit autographe – Carthage.

Deux pages in-folio.

Slnd [avril ou mai 1857]

« J’ai dormi sous l’olivier d’or de Malkarth, patron des colonies tyriennes. »

Magnifiques et précieuses notes préparatoires à Salammbô, concernant la civilisation punique, prises à la lecture du volume IV de l’ouvrage consacré à Carthage d’Arnold Hermann Ludwig Heeren, De la Politique et du commerce des peuples de l’Antiquité.

 

Dès après les souffrances morales nées du procès contre Madame Bovary, en janvier 1857, Flaubert se lance dans de longues recherches sur Carthage, théâtre de son roman en devenir. « J’ai besoin de me décrasser de toutes les turpitudes contemporaines où l’on m’a fait patauger cet hiver [procès Bovary], et de ne plus penser aux bourgeois, de n’en plus peindre & de n’en plus voir. J’ai soif d’un milieu plus haut. »

Le livre d’Heeren fut l’une des premières lectures de Flaubert ainsi qu’en témoigne sa lettre à Jules Michelet du 1er mars 1857.

Les notes ici présentées ont servi directement à la rédaction du roman historique de Flaubert paru – plus de cinq ans après les première ébauches – le 24 novembre 1862 chez Michel Lévy, et offrent une plongée fascinantes dans le processus de création et de rigueur de l’écrivain français.

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Carthage.

Héraclès, Melcarth adoré à Carthage, le fut aussi dans les villes coloniales, ce qui lui valut le surnom de Dieu colonial. [On trouve, dans le chapitre III, ce passage où Salammbô dit : « J’ai dormi sous l’olivier d’or de Malkarth, patron des colonies tyriennes. »]

Colonies sur la côte du Maroc : (…) Gytta, Acra, Melitre et Aramba.

Usage des représentations d’argent à Carthage. On enfermait n’importe [quoi] dans un morceau de cuir scellé d’un cachet. Cela représentait de l’argent. Celui qui en possédait le plus était regardé comme étant le plus riche. (d’après le discours sur les richesses attribué à Eschine disciple de Socrate …)  v. Heeren t.4 p. 163. [Cette pratique, rapportée dans les Dialogues d’Eschine, est mentionnée dans le chapitre II de Salammbô : « Quant à la solde des Mercenaires, elle emplissait, à peu près, deux couffes de sparterie ; on voyait même, dans l’une, de ces rondelles en cuir dont la République se servait pour ménager le numéraire. »]

Aletès découvrit les mines d’argent de Carthagènes. Les Carthagennes lui élevèrent un temple à Carthagène à côté de ceux d’Esculape & de Vulcain. [Il est fait allusion à ce personnage au chapitre VII de Salammbô : « Des écailles d’airain couvraient les murs ; au milieu, sur un piédestal de granit, s’élevait la statue d’un Kabyre avec le nom d’Aletès, inventeur des mines dans la Celtibérie. »]

La question est indécise de savoir si le κασσίτερος des Grecs est l’étain. Comment on appelait l’étain et qu’est-ce que c’était proprement que le κασσίτερος. Heeren opine que ce n’était que la même chose. » [Cette matière est évoquée au même chapitre VII : « Des plaques de bronze, des lingots d’argent et des barres de fer alternaient avec les saumons d’étain apportés des Cassitérides par la mer Ténébreuse. »]

Île de Cerne sur les côtes de Maroc et de Fez. « Ce lieu était habité par un peuple de pasteurs noirs aux cheveux longs (…) qui nommait le plus grand d’entr’eux Soi et qui était très abonné à la paresse. Tous étaient des cavaliers et des tireurs exercés. Le commerce se faisait par échange. Les Carthaginois apportaient des objets de toilette pr les femmes, des harnais, des gobelets artistement travaillés, de gds vases de terre, du vin et du lin d’Égypte qu’ils échangeaient contre des dents d’éléphants et des peaux d’animaux féroces et apprivoisés t4 p197).

Extrait de Lev « au milieu du désert (Sahara occidental) on trouve deux monuments en marbre auxquels la tradition donne cette origine. Un riche négociant rencontra ici un conducteur de caravane qu’il pressa de lui vendre une coupe pleine d’eau. Ils convinrent du prix de 10,000 ducats ; mais de cette manière le conducteur étant privé de boisson, tous les deux moururent de soif.

Les troglodytes selon Hérodote se nourrissent de serpents, de lézards et de toutes sortes de reptiles. Leur langage ne peut se comparer à aucun autre et ne consiste qu’en un sifflement assez semblable à celui de la chauve-souris.

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Gustave Flaubert poursuit ses notes en relevant des précisions sur le sel de l’oasis d’Ammon, les denrées précieuses originaires d’Afrique noire, les mules en Afrique.

Magnifique document en parfait état de conservation.

 

Bibliographie :

. De la Politique et du commerce des peuples de l’Antiquité. Arnold Hermann Ludwig Heeren.  (Paris, Firmin Didot frères, 1832).

. Correspondance Flaubert. Pléiade. Tome III.

 

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