Marie CURIE (1867.1934)

Carte autographe signée.

Une page in-12° oblongue sur papier à en-tête de l’Institut du Radium à la Faculté des Sciences de Paris.

Paris. 3 août 1927.

« Je donne ma signature à l’appel des intellectuels en faveur de Sacco et Vanzetti. M. Curie. »

 

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Véritable mythe du XXe siècle, Marie Curie a marqué notre Histoire des pas de géants qu’elle fit faire à la science moderne. Ses découvertes sur la radioactivité et le polonium lui valurent le Prix Nobel de Physique en 1903, puis de chimie en 1911. Si Marie Curie demeure dans les mémoires, c’est aussi parce que, derrière l’émérite savante, se tient une femme d’engagement dont les actions et prises de positions sont des modèles de droiture et de courage.

Marie Curie ne sortait que rarement de sa réserve et sa pudeur l’empêchait de donner hors du cercle familial son opinion sur la chose publique. Sa voix se fit toutefois entendre en 1921. A la demande de sa consoeur, la physicienne Herta Ayrton, Curie s’associa à une protestation contre l’incarcération des responsable du mouvement suffragiste à Londres.

En France, elle mena le même combat en faveur du droit de vote des femmes, décidant de démentir publiquement Louis Barthou qui avait prétendu, au Sénat, qu’elle était hostile à ce droit. Elle écrivit ainsi, en juillet 1932,  à Louis Martin, président du groupe parlementaire en faveur du droit des femmes : « J’ai, il est vrai, l’habitude de m’abstenir en ce qui concerne toute discussion politique, aussi bien sur cette question que sur d’autres, qui ne sont pas du domaine scientifique. Cependant, sans me prononcer sur les modalités de l’attribution des droits politiques aux femmes, je pense que le principe est essentiellement juste et qu’il devra être reconnu. »

Une autre exception à cette règle de discrétion eut lieu en 1927 (objet du document que nous présentons ici). Tandis que sa position contre la peine de mort était connue, Marie Curie ne souhaitait cependant plus s’exprimer sur le sujet. Toutefois, alertée par sa fille Irène Joliot-Curie, elle accepta d’apporter son soutien aux anarchistes italiens Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti injustement condamnés aux Etats-Unis.

En effet, le 3 juillet 1927, Irène écrivait à sa mère :  » A propos de journaux, est-ce que l’on ne t’a pas demandé de participer à l’appel des intellectuels français en faveur de Sacco et Vanzetti ? C’est une chose que tu pourrais faire étant donné que l’appel est dirigé contre le fait d’une condamnation à mort qui pèse sur deux hommes depuis 6 ans, sans préjuger de leur innocence ou de leur culpabilité ; comme tu donnes rarement ta signature, et comme tu es membre de la commission de coopération intellectuelle, un mot de toi pourrait avoir une certaine utilité. Si la peine de mort doit être un jour supprimée, c’est après tout quand on saura qu’elle n’a pas l’approbation de tout le monde, et comme tu as une opinion extrêmement ferme à cet égard, je pense qu’il n’y aurait pas de mal à la faire connaître. »

Marie signa ainsi l’appel des intellectuels français exigeant la révision de la condamnation prononcée contre les deux hommes.

L’appel et les mobilisations internationales restèrent vains ; Sacco et Vanzetti furent exécutés sur la chaise électrique de la prison de Charlestown, près de Boston, dans la nuit du 22 au 23 août 1927.

 

 

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